Texte inédit de Bernard Drobenko – Spin off 3

 

Retrouvez en exclusivité un texte inédit de Bernard Drobenko auteur de Les voyages de Li la goutte d’eau.

Bonne lecture !

Les voyages de Li, la goutte d’eau 

Des humains prédateurs, avec Aman, qui venait de l’Oued Sahel en Afrique du Nord ………….. 

– Il y a longtemps déjà, des humains ont su préserver la nature, avec une répartition  équilibrée des gouttes d’eau. Sur tous les continents, tu trouves des petits canaux  nécessaires à la survie des autres espèces et à la culture permettant de nourrir les  membres de leur société, localement. Ici et là, ils ont même créé des organisations pour  répartir les gouttes d’eau entre les différents groupes humains et garantir la vie de chacun.  Encore aujourd’hui de nombreux humains nous utilisent juste pour produire ce dont ils ont  besoin, juste pour vivre. Ils appellent cela l’agriculture vivrière. Cette agriculture répond  aux besoins de 80 % de la population qui vit sur cette Terre ! Nous sommes essentielles  pour assurer leur survie. Ils nous utilisent avec beaucoup d’attention car ils savent que nous  sommes précieuses. 

– Mais ça c’est bien, non ? dit Aman 

– Oui, oui, bien sûr ! dit Li, d’autres ont aussi pris conscience que s’ils ne prennent pas en  compte le cycle de la vie, ils étaient eux-mêmes condamnés. Ils s’efforcent de vivre avec en  harmonie avec l’eau et la capacité limite des écosystèmes aquatiques. Il existe aussi des  paysans, partout sur la planète, qui ont bien compris les rapports entre l’eau, la nourriture  et la santé de tout le vivant. Alors ils produisent en prenant soin de la nature et en nous  préservant, nous, les gouttes d’eau. Ils ont développé diverses pratiques comme  l’agriculture biologique, la permaculture ou l’agroécologie. 

– Mais alors, et les autres ? intervint Aman. 

– Ah ! c’est une évolution liée à une partie de cette humanité qui tente de généraliser son  système. Ce n’est pas la vie qui intéresse ces gens-là, c’est favoriser l’accroissement des  productions, juste pour consommer davantage. Pour cela ils s’appuient sur des techniques  diverses qu’ils ont inventées pour mieux nous capter et nous utiliser. 

– Ce sont eux les agro-industriels ? coupa Aman. 

– Oui. S’ils occupent peu de superficies de terres, en revanche, ils sont très productivistes,  liés à l’agro-industrie, la chimie et la finance. Ils sont caractérisés par de grandes fermes,  des monocultures, des concentrations d’animaux, une course effrénée à la production.  Regarde, à en bas, dans cet élevage de porcs. Ils les ont entassés, même sur des étages, et  les mères, appelées les truies, sont ferraillées pour produire plus vite ! Ils ont en général  besoin de beaucoup d’eau et vont nous puiser sans cesse plus profonds. En plus ces  productions nous polluent beaucoup. 

– Mais jusqu’où vont-ils aller pour s’enrichir ainsi ? dit Aman 

– Leur objectif est de produire le plus possible, en peu de temps, pour des profits  maximums, juste pour accumuler de plus en plus de richesses. C’est le productivisme,  quelles qu’en soient les conséquences pour les autres ! 

– Oh là là ! dit Aman, tu peux expliquer un peu ? 

– Tu sais dit Li, nous sommes loin du temps où l’espèce humaine respectait la nature, voire  la craignait. Depuis quelques décennies, une partie d’entre elle a imposé un modèle  prédateur, avec une puissance technologique et financière sans égal à ce jour. Maintenant,  elle adapte la nature à ses besoins. Des mots expriment la logique de cette idéologie  mortifère: compétitivité, productivité, croissance, consommation, libre échange, ou libre  circulation des capitaux. Cette logique conduit à l’accaparement des ressources, comme  nous, les gouttes d’eau ou les sols. 

– C’est donc pour cela qu’ils nous traitent comme une marchandise, qu’ils ne nous  préservent pas ?

Bernard Drobenko auteur de Les voyages de Li la goutte d’eau, disponible sur le site des Éditions Maïa.