Ce livre est l’aboutissement de 10 ans d’un travail qui a commencé avec un Prix d’Encouragement au 5e Concours de la Nouvelle Noire de Marrakech en 2012 et la création de ce personnage, Benoit Lefranc. Et c’est parce que Lefranc est un flic, voire un bon flic qu’il doit enquêter sur l’assassinat du Maire de Paris. Malgré les pressions venues d’en-haut, et si l’enquête semble de prime abord simple, Lefranc va devoir faire face à un danger qui a décrié la chronique 12 ans auparavant, l’auteur de la « Tuerie du Club des Cinq », le tueur en série Patrick Di Falco, qui a tué 5 enfants et que personne n’a jamais attrapé.
Ce qui fait l’attrait de ce livre, ce sont les différentes strates dans lesquelles s’enfoncent l’enquête et avec elle, Lefranc, laissant découvrir peu à peu ses limites d’homme et de policier.
Participer à ce livre, outre l’aboutissement d’un projet qui me tient à cœur, c’est permettre la diffusion et le partage d’une histoire ; de celles qu’on n’a pas envie de lâcher malgré l’heure tardive, qui nous trotte dans la tête alors que le livre est au fond d’un sac, dont on se demande comment le héros va s’en sortir et dont on dira à ses proches qu’il faut absolument la lire.

Extrait

Après la découverte de la veille, Lefranc arriva de bonne heure au Bastion. Il avait besoin de se plonger dans le dossier de l’affaire du « Club des Cinq », de mieux comprendre et connaître Di Falco, celui après qui il courait depuis près d’une semaine sans le savoir et que d’autres avaient chassé pendant de longs mois, sans jamais mettre la main dessus.

On ne savait pas grande chose de lui, à part qu’il était né en Italie en 1964, d’une mère française et d’un père italien, qu’il était arrivé à Nice à l’âge de 11 ans après le divorce de ses parents, qu’il avait eu du mal à s’intégrer, comme beaucoup de petits « ritals » à cette époque-là. Il était considéré comme bon élève, mais aussi comme bagarreur, jouant des poings quand on le raillait sur ses origines ou son accent. Après le bac, il était allé à la Fac étudier la sociologie, y avait rencontré un environnement qui lui convenait. De nombreux témoins durant l’enquête avaient parlé d’une personne ouverte, curieuse de la nature humaine, équilibrée, aimant faire la fête, se mêler au groupe, altruiste, prenant partie pour des causes qu’il pensait justes comme les inégalités sociales ou la faim dans le monde. Licence en poche, il avait tout bonnement disparu pendant un an, sans donner signe de vie, puis était réapparu comme par magie, s’était inscrit à la formation d’encadrant pour enfants, avait obtenu son diplôme, avait postulé au Conseil régional d’Ile de France et y avait mené carrière jusqu’au drame de Toulouse. Rien dans son passé n’aurait pu laisser penser qu‘il commettrait de telles atrocités. Lefranc s’attarda sur son profil psychologique. Les experts s’étaient succédés et avaient dit de lui qu’il était manipulateur, calculateur ou encore schizophrène mais tout cela était basé sur ce qu’il avait fait, pas sur qui il pouvait être vraiment. Rien ne laissait présager la tuerie de Toulouse, rien si ce n’est ce trou d’un an dans son CV.

Quoi qu’il en soit, il était revenu et Lefranc devait maintenant faire ce que d’autres avant lui n’avaient pas réussi.