Dans cet essai, je propose, d’un ton léger mais sur des sujets graves, la vision d’un ethnologue sur la situation du monde tel qu’il est, en cherchant, d’un point de vue historique, les racines philosophiques de tous les dysfonctionnements qu’on observe aujourd’hui. Je souligne en particulier les rôles des idéologies religieuses dites « révélées », de la pensée cartésienne et de la frénésie techno-consumériste. J’entends montrer aussi que les problèmes que rencontrent les peuples traditionnels (en particulier les Amérindiens du Canada et de Guyane auxquels je m’intéresse) sont ceux de l’ensemble du monde animé par les puissances d’argent et les notions de profit et de rendement : destruction des environnements humains et non humains, réels et imaginaires (écocide et désenchantement), destruction des cultures (ethnocide, un concept développé par l’ethnologue Robert Jaulin) et destruction de la personne (égocide, un concept que j’ai inventé).

Extrait

« Il n’y a pas de reset miracle, la vraie révolution ne sera pas celle des machines, ce sera de sortir du modèle dominant techno-mercantile (donc ethno-éco-égocidaire) et d’admettre – il suffit pour cela de savoir regarder et d’entendre, mieux d’écouter -, qu’il existe d’autres modèles, d’autres façons de croire et de jouir de la beauté des gens et des choses de ce petit monde perdu dans l’univers et que nous habitons avec d’autres colocataires à deux, quatre, six, huit pattes et plus, ou pas de pattes du tout. La nécessaire révolution des mœurs sera déjà individuelle ; commencez par faire votre jardin et élever des poules, ou, si vous êtes végétarien ou végan, plantez des choux. Le reste devrait suivre. »