Un jeune homme accidenté dont l’état est jugé fatal. Des parents qui croient en la possibilité qu’il vive. Malgré de timides progrès, un père découragé et qui reçoit fortuitement la balle destinée à mettre fin à sa famille. Une maman qui ne renonce toujours pas, même face à l’incroyable répétition d’un deuxième accident… Cette litanie aurait pu relever d’une fiction.
Pourtant il s’agit d’une expérience vécue. Le témoignage d’une résilience imperturbable, balisée par des signaux lumineux faibles mais obstinés. Un rétablissement insensé, mais dont le beau sourire et le regard pétillant d’Olivier attestent de la réussite. Cet ouvrage illustre la condition des aidants familiaux, tout en y sensibilisant les lecteurs que de telles épreuves ont épargnés. Que vous soyez dans l’une ou l’autre situation, vous aurez à cœur de contribuer à l’essor de ce projet aussi éclairant que fort, porté par une écriture sincère et touchante.

Extrait

L’attente nous a paru interminable. La formule est peut-être faible, mais je n’en vois pas d’autre pour exprimer ces moments que l’on ne vit jamais dans la vie normale. Ce temps étiré où toute minute est de plomb. Guettant chaque sautillement d’aiguille sur l’horloge de la salle d’attente, je suis sortie de la première attitude de déni. La certitude que c’était grave, peut-être fatal, prenait possession de moi et aussi, je crois, de mon mari. C’était lui qui avait décroché le téléphone et entendu les premiers mots des gendarmes. Sous le coup, il était resté livide, terré dans sa douleur. Maintenant, cantonnés dans cette salle d’attente, nous demandions des nouvelles à tout va, tentant de lire le moindre motif d’espérer dans les regards alentour.
Et puis, l’ambulance des pompiers a surgi devant la porte du service. Pendant un temps indéfini, tout est resté figé. Personne ne descendait. Une lumière intérieure a ensuite dessiné le profil de silhouettes s’affairant autour d’un brancard. C’est alors que notre fils est sorti, ou plutôt la civière où il gisait, le tour de tête et un œil bandés. Jamais, bien sûr, je ne pourrai effacer ces images. Toujours je garderai vissé en moi le regard compatissant des pompiers. Un regard terriblement silencieux. Une heure et demie venait de s’écouler, le pire effroi de nos vies.
Après les examens médicaux d’urgence, il y eut les premiers mots de diagnostic, terribles : « Le cerveau de votre fils est détruit ». De nouveau, pour nous, l’incompréhension. Non, ce n’est pas possible ! Et puis la nausée, le sol qui se dérobe sous vous. Enfin, la confirmation des médecins. « Nous ne pouvons rien faire. De toute façon, votre fils est intransportable vers Montpellier ».
Mon mari a commencé à prévenir la famille, qui est arrivée peu à peu, en larmes. Peut-être deux heures après ? J’avais perdu la notion du temps. Lorsque des analyses plus détaillées ont résulté d’un examen IRM, on a fini par nous déclarer qu’Olivier était cliniquement mort. Il n’y avait plus rien à faire pour sauver son cerveau.