Lire Un siècle à t’attendre, c’est se plonger dans une histoire d’amour absolu, une histoire dans laquelle deux âmes se sont reconnues et se recherchent. Fantastique et sentiments se mêlent dans un récit rythmé par le suspense.

Ce roman, qui s’adresse aussi bien aux jeunes adultes férus de Twilight qu’aux lecteurs appréciant l’univers surnaturel de Tim Burton, tire son originalité d’une intrigue pleine de rebondissements, avec en toile de fond les paysages sublimes et énigmatiques de la côte d’Opale.

Extrait de  Un siècle à t’attendre  de Delphine Vanderperre

Dans sa chambre glaciale et hors du temps, Louis se demande s’il n’est pas en train de rêver cet instant. Lui qui est seul, dans cette prison éternelle, sans émotion ni perspective, avec une existence aussi plate que son encéphalogramme, se demande pourquoi il a choisi cette seconde précise pour regarder par la fenêtre. Rien ne diffère des autres milliers d’heures, si ce n’est cette intuition qu’elle était enfin là. Il n’arrive pas à y croire, mais il est certain, pourtant, qu’elle l’a vu. Est-il possible que son vœu le plus cher soit enfin exhaussé ? Peut-être est-ce le fruit de ce pacte, scellé dans l’obscurité d’une nuit d’hiver, il y a plus de vingt ans, lorsque l’espoir et le désespoir dansaient ensemble dans le froid glacial.

Va-t-il réussir à s’extirper de ce manoir maudit ? Après sa mort, il a, bien sûr, tenté par tous les moyens de fuir cette prison, mais invariablement, il se retrouvait ramené à ce lieu de désolation. Toutes ces années à l’attendre, où chaque journée se fondait dans la monotonie de la précédente, et voilà qu’elle réapparaît soudainement, comme un rayon de lumière dans l’obscurité. L’esprit de Louis, trop longtemps ensommeillé, vagabonde dans tous les sens et des centaines de questions l’assaillent. N’est-ce pas un mirage, une illusion cruelle ? Où était-elle cachée depuis tout ce temps ? Est-ce bien elle, ou n’est-ce qu’un reflet de ses désirs ? Il faut qu’il sorte de sa prison pour en avoir le cœur net. Les joggeuses s’éloignent et il risque de perdre leur trace. Les cris affolés des mouettes attroupées au bord de l’eau lui donnent la solution. Nerveux, il tente d’incorporer un volatile, mais il rate sa cible. Son manque d’entraînement l’agace. Ce n’est pas le temps qui lui manquait pourtant. Il se ressaisit et se concentre. Il vise une autre mouette, en plein vol cette fois-ci et plus proche de lui. L’oiseau s’échappe une nouvelle fois, et les filles sont de moins en moins visibles. S’il ne réussit pas au prochain essai, il perdra leur trace définitivement. Il doit réussir. Il repère un nouvel oiseau qui rase les vagues. Sa concentration est à son paroxysme. Il met toute son énergie pour pénétrer l’esprit de l’animal, et quand leurs regards se croisent enfin, la connexion s’établit ! Mais ce n’est pas encore gagné. L’oiseau refuse l’incorporation dans un cri strident en se débattant vivement. Louis redouble d’efforts. Quelques secondes plus tard, il arrive enfin à ses fins. Lui et la mouette ne font qu’un. Il prend conscience de l’air qui entre dans ses poumons, du sang qui coule dans ses veines. Il peut ressentir les pulsations d’un cœur qui bat. Il vit !