L’homme que Brigitte rencontre à 20 ans, s’avère méprisant et violent au fil des années. Un petit matin de novembre, elle décide d’en finir. Victime d’une chute sur la jetée du phare d’Agde, inconsciente, elle est sauvée par un pêcheur. Il recueille la femme de 38 ans, frappée d’amnésie. Mais son compagnon la retrouve, l’enlève et la séquestre dans le sous-sol aménagé d’une villa isolée. Grâce à l’écriture, Brigitte supporte cette captivité, rythmée quotidiennement par le départ et le retour de son compagnon. Peu habituée à manier le stylo, c’est avec timidité qu’elle commence à décrire quelques souvenirs sur le papier. Cheminant de plus en plus profondément en elle, elle atteint l’indicible : cette plaie d’enfance, qui n’a pas cicatrisé en 30 ans. Par ce roman, je veux montrer que l’écriture libère et transcende les pires blessures. Qui n’a pas enfoui un douloureux secret ? La plaie béante, même dans les strates les plus reculées de la mémoire, continue de suppurer. Quand on n’arrive pas à dire, écrire libère. Ce roman est une sorte de mode d’emploi.

Extrait

Brigitte éprouve du mal à se l’avouer, mais pour le moment, elle se sent bien dans cette cave à écrire toute la journée. C’est un comble. Est-elle devenue aussi perverse que son geôlier ?
Non, pas du tout. En fait, elle devient consciente qu’elle a voulu enfermer des émotions, des souvenirs trop douloureux au fond de sa mémoire. Aujourd’hui, il est grand temps de nettoyer tout ce qui pourrit en elle. Elle doit faire taire les petites voix qui lui susurrent depuis toujours : Allez, ça va, tu n’es quand même pas si malheureuse… Tout ça c’est du passé. Ce n’était pas si grave… Attention, ne déterre surtout pas les cadavres… Tu ne t’en remettrais pas…C’est l’avenir qu’il faut regarder maintenant… » Et blabla et blabla.

C’est un peu comme quand on décide d’entreprendre un grand ménage dans la maison. On trouve toujours d’excellentes excuses pour ne pas aller dans les coins, ou sous l’armoire…

Depuis quelques jours, grâce à l’écriture, elle se sent pousser des ailes. Fabuleuse aventure que l’écriture. Elle ne s’est jamais sentie aussi libre… que depuis qu’elle est enfermée dans cette cave, avec du papier et un stylo.

Quelle jouissance de déverser sur une feuille vierge, tout ce qu’elle  a caché à tout le monde et à elle-même, pendant 30 ans. Elle éprouve un sentiment bizarre quand elle écrit : au fur et à mesure que les mots se posent sur le papier, le poids supporté par ses épaules s’allège. Elle se dicte les phrases à voix haute. Comme s’il s’agissait d’une histoire… L’histoire de quelqu’un.