Ce recueil de nouvelles regarde des moments ici et là, comme une porte entrouverte. Ces nouvelles captent des émotions comme autant de moments de vie insolites remplis de sentiments forts. Elles décrivent des ressentis de personnages différents: enfants, adolescents, hommes et femmes à différents moments de leur vie, des personnages aux horizons particuliers, toujours en quête de bonheur malgré les difficultés ou les drames. Ces moments captent dans une délicate dentelle émotionnelle des éclats d’existence où l’on peut aussi se reconnaître comme un miroir à nos propres émotions, des moments à la fois familiers et étrangers. Iles personnages et les situations nous délivrent leurs émois, leurs certitudes, leurs interrogations et leurs espoirs, de toutes sortes ; réflexions intimes, passionnées, insolites ; miroir réfléchissant de nos propres émotions comme autant d’échos à nos vies, à la vie.

Extrait

« Ces histoires sont vraies puisque je les ai inventées. »
(Boris Vian)

« Ces histoires sont presque vraies puisque je les ai presque inventées. »
( Eric Lelabousse )

Céline : La dernière fois où l’on s’est parlé avec ma mère, on ne s’est pratiquement rien dit. C’était au parloir de la maison d’arrêt de Bordeaux. J’étais du mauvais côté. Tombée pour trafic de drogues dures. Tombée, je l’étais depuis longtemps, depuis toujours. Ma mère, je ne l’ai jamais trop vue. Enfin, vue, si mais connue, non. Elle venait par intermittence chez mon père, entre deux mauvais mecs de passage, entre deux mauvais alcools. Là, je ne l’ai pratiquement pas reconnue. Elle non plus d’ailleurs. On ne s’était pas vues depuis 2 ans quand j’avais 18 ans. Là, au parloir, c’était la dernière fois. Que pouvait-on se dire ? Rien. Ou pas grand-chose. Vraiment pas grand-chose. Elle est morte à l’hôpital quinze jours avant ma sortie,. J’ai eu la permission d’aller à son enterrement. Je n’y suis pas allée.

Pélagie : La dernière fois où l’on s’est parlé avec mon frère, c’est avant qu’il ne reparte au front, à Verdun d’où il n’est jamais revenu comme Donatien et Julius de notre village aussi. Il ne me parlait pas beaucoup, personne ne me parlait beaucoup ;ma mère est morte à ma naissance. Quand je serai grande, je voudrai un mari qui soit beau comme mon frère, qui soit grand comme mon frère, qui soit fort comme mon frère, qui porte une belle moustache blonde comme mon frère et qui me protège. Comme personne.