Depuis ses débuts, j’ai accompagné mon fils moralement et parfois physiquement jusqu’à sa participation à trois jeux olympiques en partageant ses joies, ses doutes mais aussi ses échecs. À l’arrêt de sa carrière, par manque de reconnaissance du milieu sportif et après tant de sacrifices, il a décidé de partir au bout du monde pour se reconstruire et découvrir une autre vie loin de tout mais aussi de sa famille. Son départ et son absence ont laissé en moi un énorme vide alors en reprenant son chemin de vie, je le retrouvais un peu. Au fil des mots, je passais du temps avec lui, me revoyais sur les gradins ou à ses retours de compétitions, médaille au cou ou pas, et je pouvais le serrer dans mes bras. En écrivant, je voulais mettre au jour sa passion, sa volonté d’y croire malgré tant d’embuches et surtout montrer comment un jeune sportif peut tout donner pour accéder au plus haut niveau et se sentir si seul après. Ce projet permettra de laisser l’empreinte de son parcours.

Extrait

Quand je t’ai demandé un jour ce que tu ressentais quand tu plongeais, tu m’as répondu « maman je vole »…
Tu t’es envolé haut mon fils parfois très haut, toujours trop haut pour moi mais je ne pensais pas que tu t’envolerais aussi loin… Tu es parti ce 8 octobre 2022 en laissant toutes tes affaires ici, ton chat Neïko chez ton frère, avec pour seul bagage ton sac à dos bien étudié et bien rempli.
Ton chemin depuis le jour où tu es venu dans ce monde a été jusqu’ici bien rempli et parfois chaotique mais tellement riche de tout ce que tu vis, une vie extraordinaire depuis tes 7 ans le jour où tu es monté sur un plongeoir…
Après tout ce que tu as vécu dans ce sport, tu ne pouvais pas rester au bord d’une piscine à regarder les autres nager. Transmettre ton envie à de jeunes petits plongeurs de ton club te demandait d’avoir encore des étincelles dans tes yeux, alors tu as été la chercher ailleurs, au bout du monde, loin de la France, de tes déceptions mais aussi des tiens.
Donner du sens à ta vie, cette vie que tu avais consacrée jusque-là au plongeon s’arrêtait malgré toi. Être sportif de haut niveau pendant si longtemps, tout donner encore et encore, douter toujours aller chercher la performance au point d’en oublier la fatigue et n’avoir plus rien en retour.
Une sorte de retraite avant l’âge, une fin de carrière, le vide après tout ce que tu avais vécu, l’angoisse de l’anéantissement il fallait que tu lui trouves une solution.
« Je voulais m’envoler
Je voulais vivre ma vie
Je voulais m’en aller
Je voulais être d’autres que moi… »