Tournés vers le ciel est un recueil de textes poétiques de forme libre qui interroge les liens entre la nature, le quotidien, l’existence, la mémoire. Le texte oscille entre la contemplation des jours et l’introspection. Il interroge ce qui nous relie au monde, grâce à une plume qui capte les instants, l’éphémère, l’invisible en images précises et vibrantes.
Le livre s’adresse à tous les publics.
Le livre a des inspirations : la sincérité d’un artiste qui pose un regard acéré sur sa vie, son chemin et décide un repli « stratégique » dans la nature pour s’affranchir du bruit, de la rumeur tonitruante du monde. Savoir sentir et regarder à nouveau, le lent rythme des saisons, regarder l’oiseau faire son nid, s’enthousiasmer des traces laissées par les mammifères qui vivent près de la maison, et connaissent mon odeur quand je viens dans la forêt.
Tourner le regard vers ce qui a animé son existence pendant des décennies, et en rire. Pleurer ses morts et imaginer comment leurs âmes s’envolent et habitent l’au-delà…
Tournés vers le ciel a comme doppelgänger Ishikawa Takuboku, le poète japonais dont il ne se sépare jamais.

Extrait

11.

Depuis ma première tartine du matin

Un étourneau sansonnet étire son cou à se déboiter les cervicales

Pour épier le moindre bout de pain qui tomberait de ma bouche

Tu m’étonnes amis du matin, c’est bien la première fois que je te découvre sans peur

D’habitude ta petitesse te rend craintif au point de disparaître dès que je pointe mon regard vers toi

Là franchement tu as pris de l’assurance

Je suis certain que tu goûtes ta hardiesse avec fierté

Je te promets que je n’avalerai pas tout pour récompenser ta bravoure

Car je suis un colosse en comparaison de tes quelques grammes

Un colosse bien lourdaud cependant quand je pense à ta liberté dans les airs

Crois-tu que nous pourrions traverser la forêt ensemble ?

Tu me vois depuis des mois, j’en suis persuadé

Tu dois connaître mes chemins préférés en aplomb des falaises

Bien des fois j’ai été tenté de me jeter dans le vide pour te singer

Et savourer dans ma chair les courants aériens

Je crois que nous sommes amis, je te vois toi ou tes frères au quotidien

Qui se côtoierait jour après jour sans une évidente affection dans un lieu aussi perdu que le notre

Tiens passe la fenêtre viens à ma table, il y a du pain pour toi

Demain tu en trouveras encore, et le jour d’après autant

L’hiver prochain quand le givre blanchira tes plumes j’ouvrirai la porte

Je t’indiquerai un trou dans le mur de pierre de ma chambre que je n’ai jamais bouché

De peur de penser que quand la maison est finie il est temps de mourir