Me retrouvant seule durant les différents confinements, c’était le meilleur moyen pour moi d’en tirer profit. Forte des confidences d’amies qui pour l’une avait été manipulée par son ex-compagnon, pour l’autre aimait un homme de 20 ans son cadet, je voulais aborder ces deux thèmes et plus particulièrement la différence d’âge, encore mal admise par notre société, lorsqu’il s’avère que c’est la femme la plus âgée.
Et puis, je voulais aussi parler de la difficulté pour une femme de se réaliser à travers son métier et ses amours. Au final, Square Saint-Amour aborde la difficulté d’aimer et d’être aimé-e.

L’histoire de Square Saint-Amour nous plonge dans les pensées de Jeanne, jeune reporter- photographe, qui évolue au travers de ses différentes histoires d’amour.

Le début nous immerge immédiatement dans la psychée de cette femme qui perd Marc, son premier amour. Elle doit apprendre à se reconstruire et elle le fait grâce à Simon, un bel homme plus âgé qui la fascine. Or les années qui passent lui ôtent ses illusions et déçoivent ses attentes. Elle doit apprendre à se retrouver mais hésite entre rester avec Simon ou bien réapprendre à vivre par elle-même et pour elle-même, et ainsi, goûter à nouveau au plaisir de l’amour et de la séduction. Sa rencontre avec Clovis, jeune SDF qui squatte au square Saint-Amour va-t-elle bouleverser sa vie ?

Ce roman nous questionne sur nos choix, notre destinée, sur la routine de l’amour qui ne satisfait plus et la tentation de la nouveauté et de la séduction. Il évoque aussi les différences d’âge dans les relations.

Extrait

Il est dix-huit heures lorsque Clovis sonne à ma porte. J’ai fait couler un bain chaud que je lui propose après avoir ouvert une bière. Il me demande si, par hasard, j’aurais un rasoir ou une tondeuse.
– J’ai gardé le rasoir et la tondeuse de Marc, et je t’ai préparé des vêtements propres.
J’espère qu’ils seront à ta taille. Tout est dans la salle de bains, je vais te montrer.
Je n’avais jamais trouvé le courage de me séparer de certains effets de Marc et j’avais rangé sa trousse de toilette, celle qu’il utilisait à chaque mission et qui était toujours prête pour un éventuel et rapide départ, au même endroit que dans notre appartement commun, dans le tiroir du meuble haut de la salle de bains. Pour les vêtements, en réalité, j’étais passée acheter le nécessaire dans une boutique restée ouverte, le temps de ma pause méridienne. Marc et lui n’avaient pas du tout la même taille et je n’avais conservé que quelques pantalons et vestons. Je n’en dis rien et Clovis a la décence de ne poser aucune question.
J’ai le temps de préparer le repas et de lire quelques pages de roman avant que ce dernier ne sorte du bain. Sans sa longue barbe, juste un effet mal rasé, le crâne complètement à nu, des yeux qui brillent plus que jamais, son sourire illumine son visage et sa jeunesse me frappe. Il doit avoir à peine trente ans. Je ne peux contenir un — Oh — admiratif devant une telle métamorphose.
– Tu es très beau, Clovis !
Il sourit :
– À propos, Jeanne, je m’appelle Yann.