Léon est un enfant marqué par l’abandon et les abus, grandissant dans une institution brutale avant d’être placé en famille d’accueil. A travers un parcours semé de violence, d’humiliation, mais aussi de résilience, il s’attache à des figures marquantes qui influencent son cheminement, comme Madame Moreau, une institutrice portant le poids de secrets de guerre. Léon découvre des mystères enfouis dans son village, confrontant un passé collectif troublé. Entre révélations historiques et introspection, il cherche à surmonter son traumatisme et à reconstruire son identité, tout en affrontant les ombres du passé qui planent sur lui et sa communauté.

Extrait

Un jour, je fus appelé dans le bureau de Monsieur Gérard. Les enfants murmuraient à son sujet, chuchotant des rumeurs sur son comportement étrange. J’étais mal à l’aise, mais n’avais pas le choix. Monsieur Gérard ouvrit la porte du bureau et verrouilla la serrure et compris que quelque chose n’allait pas.
– Pourquoi fermez-vous la porte ? lui demandai-je.
– Pour nous protéger des bruits extérieurs ! assura l’éducateur en chef, un sourire qui ne touchait pas à ses yeux.  » Maintenant, viens ici ! « 
Me sentant piégé, il fallait fuir, mais les jambes ne répondaient pas. L’homme s’approcha de moi et je reculai instinctivement, une boule se formant dans mon estomac, mais la poigne de Monsieur Gérard était ferme.
– Lâchez-moi ! criais-je.
– Tu ne veux pas faire de vague, n’est-ce pas ? D’autres enfants pensent que je suis un ami. Ils savent que je n’oserai jamais leur faire du mal. Murmura l’éducateur, une lueur de délectation dans les yeux.
Réalisant que je n’étais pas le premier, il s’accroupit à ma hauteur, ses yeux brillaient d’un éclat inquiétant.
– Non, je ne veux pas que vous me touchiez ! balbutiai-je.
L’éducateur tendit sa main et toucha mon bras, un contact qui me fit frissonner.
– Je suis là pour toi, tu peux me faire confiance, je sais ce que c’est d’être un enfant comme toi !
– Laissez-moi tranquille ! ma voix tremblait et je reculais.
– Tu ne comprends pas, n’est-ce pas? ricana Monsieur Gérard, son ton devient plus menaçant.  » Je suis celui qui peut te protéger ou te faire du mal. Tout dépend de ton attitude. »
Cette déclaration résonna dans mon esprit, une vérité aussi dévastatrice qu’inéluctable. J’étais à la merci de cet homme et chaque fibre de mon être hurlait de se défendre. J’oubliai l’odeur de tabac froid, les murs recouverts de documents et la lumière tamisée. Les poings serrés, je me mis à pleurer, mais Monsieur Gérard ne me lâchait pas.
– Tu es ici pour apprendre Léon, et je suis là pour t’apprendre des choses. Tu n’as pas le choix !