« Petites cousines,

Vous m’avez encore interpellé, qu’est-ce que la vie? Je n’ai pas de réponse. La vie est une quête, pensez à l’équipée de Don Quichotte, au voyage d’Ulysse ou de Nils Holgersson. Chacun suit son chemin et ce qui peut apparaître comme une errance est un besoin de connaissance et de partage. Qu’ils soient simples humains ou dieux, les personnages que nous allons rencontrer sont unis par leur volonté de combat et d’avancée vers une vie plus positive et exaltante.
Depuis toujours, le vieil homme que je suis cherche cette terre, ce pays que je ne connais pas. Ce sont des racines qui justifient ces héros, ces mythes que je porte en moi sans pouvoir les justifier.
Une terre fertile qui est, pourtant, en moi comme un secret, une absence, qui m’emplit de mystères et de troubles, me tourmente comme un amour naissant. Je voudrais la découvrir, enfin, comme les paysages, soudain dévoilés à l’entrée d’un navire dans un port lointain, l’atterrissage d’un avion sur une terre inexplorée.
Je l’imagine constellée de forêts aux arbres desséchés, tordus d’une trop longue et difficile vie. La nuit, comme nulle part en ce monde, les animaux s’y terrent dans un silence ombrageux, des lueurs apparaissent, ce tronc qui se met en mouvement, est-ce Daphné, Baucis, ces gémissements, sont-ils les pleurs de Cérès, ces clameurs festives, une simple bacchanale?
Il y aura la mer, une mer unique, non contrefaite, ni jaune, ni rouge, ni noire, ni encore blanche, une mer dont les écumes sont les fleurs d’un merveilleux jardin, une mer dont ce pays est le centre, une mer apaisée aux vents dociles et contraints au respect comme ceux enfermés dans le coffre remis par Eole à Ulysse. Une mer d’azur et d’émeraude, dont les doux battements sur les rivages s’ouvrent aux voyages, aux conquêtes, aux invasions de cultures diverses. Une mer de mouvements libres, de partages et d’altérité, une mer qui s’unit au ciel pour ne pas finir. »