Le thème de ce livre porte sur mon intérêt pour l´altérité et le regard est un élément fondamental pour le rapport à l´autre. Le film de Céline Sciamma me semble être un exemple valable pour appuyer cette thèse.
Le public à qui se dirige ce livre est un public général, au collectif LGTBIQ+ à des psychanalystes, et des personnes qui s´intéressent à l´analyse filmique. Mon aspiration est que le texte soit connu et lu par un public francophone et ailleurs.

Extrait

« Tout désir est politique » nous dit Céline Sciamma. On reconnait au cinéma un pouvoir générateur, non seulement des constructions sémantiques sociales, mais aussi d’être un mécanisme très fort comme générateur des subjectivités. L’engagement politico-artistique de la réalisatrice et d’Adèle Haenel est bien connu dans le monde cinématographique et ailleurs.
Le film Portrait d’une jeune fille en feu en est la preuve. D’abord parce que le film ne légitime pas l’ordre politique hétéropatriarcal et ensuite, parce qu’il s’agit, par la thématique du film, de rendre visible une prise de position politique et critique par rapport à un système historique et des représentations qui montrent des « vides » par rapport au lesbianisme et, dans l’histoire de la peinture, celle des femmes pendant le XVIIIe siècle, moment où se déroule le film. En effet, les représentations culturelles, symboliques, religieuses, scientifiques, techniques et commerciales agissent dans un mouvement d’inclusion et d’exclusion. C’est dans ce mouvement, que le Pouvoir patriarcal établit la norme, qui comporte ce qui est vrai ou faux, ce qui existe et n’existe pas, ce qui est hors norme, hors la loi et finalement, ce qui est visible et invisible.
Dans le film que nous allons analyser, Portrait d’une jeune fille en feu, nous pouvons constater la création, par des représentations de l’amour entre femmes, d’un nouvel imaginaire, opposé à celui historiquement construit par des « vides » sur ce sujet. Le film de C. Sciamma essaye de combler ces vides, car le cinéma, comme la peinture et la littérature, nous offrent la possibilité de la création d’un imaginaire à partir d’une position subjective.

Crédit photo pour le portrait de l’auteure : Ana Margarita González