Nous sommes les héros de nos vies et ces vies ne méritent-elles pas d’être mises en lumière ? Un siècle c’est le temps au cours duquel les protagonistes de cette autofiction vont naître, vivre et mourir. Ils sont non seulement les acteurs mais aussi les spectateurs engagés de ce monde en marche au sortir des guerres et au croisement des évolutions sociétales, techniques et humaines.

Nora a une enfance et une adolescence heureuses et choyées dans les années prospères qui suivent la seconde guerre mondiale. Après les années bonheur, la famille est confrontée à de cruelles épreuves dont ils sortent toujours plus unis et solidaires. Leur résilience est maintes fois remise en cause mais jamais ils ne lâchent, puisant leur force dans l’amour qui les lies. Nora recherchera ce bonheur perdu, continuera d’y croire traversera pour cela les océans et les tumultes d’une société en reconstruction. Cette histoire c’est aussi un peu la vôtre. Ce sont tous nos parcours de vie au travers des crises et des épreuves personnelles, des bouleversements politiques, des crises sanitaires, des conflits internationaux qui créent cette grande histoire à laquelle nous appartenons.

Extraits choisis

L’ACHAT DE LA DAUPHINE

L’achat de notre première voiture génère une réunion de famille autour de la table de la cuisine. Quelle sera la voiture ? Tous les rêves sont permis mais rapidement il faut revenir à la réalité. Ce sera une occasion, pas trop chère mais avec un bon moteur. Les petites annonces du Télégramme deviennent la rubrique préférée de toute la famille. Papa n’est pas très grand et Maman pense que seule une 4 chevaux peut convenir, si Papa veut atteindre les pédales ! Vives protestations de mon frère, ma sœur et moi-même.  Après quelques jours de réflexion, le choix se fixe sur une superbe Dauphine de 10 ans d’âge avec 80000 kms au compteur. Bref une merveille ! Papa me propose de l’accompagner pour aller chercher la voiture chez les vendeurs à Locquirec. Je suis sur un nuage. Je vais être la première à voir la Dauphine, à m’asseoir sur ses sièges en skaï, c’est comme du cuir dirai-je plus tard à mes copines…. Je suis devant, juste à côté de papa (à l’époque c’est possible). Et selon la formule, elle aussi de l’époque, le roi n’est pas mon cousin.
Nous sommes en vacances au Diben, un petit port de pêche du Finistère Nord. Au retour, nous nous arrêtons à Plougasnou, sur la place centrale sous les marronniers afin d’acheter les gâteaux pour fêter l’évènement. Champagne ? Vous plaisantez, on vient déjà d’acheter la voiture, c’est une grosse dépense ! Papa amorce une marche arrière. Catastrophe, un panneau “interdit de stationner” vient à notre rencontre. Le parechoc de la Dauphine résiste courageusement mais quelques traces subsistent. Papa me rassure. Il va arranger cela très vite dès que nous serons de retour à la maison mais je le sens un peu triste. Notre arrivée est un peu moins triomphante. Et là, Maman, comme toujours très lucide, objective et soutien indéfectible, alors que Papa lui conte notre mésaventure, déclare sans ambages “qu’on n’a pas idée de mettre là de tel panneau ! » En cela, elle est approuvée par toute la famille et les amis présents, notamment Thérèse sa grande amie. Solidarnosc, bien avant l’heure.

LE LICENCIEMENT

Nous sommes à 4 jours du Noël 2007, le vendredi 21 décembre. Je rencontre, avec le Directeur Financier, un client sur Paris pour étudier et définir un éventuel investissement. Nous nous quittons après nous être souhaités mutuellement un joyeux noël en nous embrassant. Ce que j’appellerai plus tard le baiser de Judas.
J’ai prévu de passer Noël chez Émilie. Je la rejoins à son appartement. En l’attendant, j’ouvre mon ordinateur pour consigner ce dernier rendez-vous. Je n’ai pas de connexion avec le siège. Je prends mon portable, appelle mon bureau pour faire débloquer la situation. Un message me dit que la ligne téléphonique est coupée. Émilie arrive, je lui emprunte son téléphone et j’appelle la Directrice des moyens généraux. Elle me confirme que ma ligne est coupée mais qu’elle n’est pas autorisée à m’en dire plus. J’appelle le DRH, surpris de mon appel, embarrassé pour m’expliquer le pourquoi et se retranchant derrière « La Direction Générale vous a adressé un mail, je n’y suis pour rien ». Courageux le garçon.
Je lui réponds :
– Comment le lire, mes connexions ordinateur et BlackBerry sont coupées…
Nous convenons qu’il me fait suivre le mail sur ma boite perso mais refuse de m’en dire plus. Je l’ouvre sur l’ordinateur de ma fille, et découvre avec stupeur que je suis licenciée pour faute lourde avec mise à pied conservatoire immédiate et interdiction de revenir à mon bureau. Un rendez-vous est fixé à la 3ème semaine de janvier 2008 pour être informée des causes du licenciement ! Il n’y a eu aucun entretien préalable…