Les petits meurtres de la cour d’Henri III

de Marie Agostini

D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours intéressée à l’histoire et plus précisément aux femmes qui l’ont façonnée. Parmi toutes les reines de France, c’est Louise de Vaudémont que je préfère. Une reine dont personne ne parle, sans doute parce qu’elle n’avait pour elle que sa bonté et le tendre amour qu’elle voua à son mari, le roi Henri III, pour lequel elle fût un soutien sans faille dans l’une des périodes les plus sombres de notre histoire. Et c’est bien là, l’une des injustices de cette histoire que de ne vouloir « retenir que les méchants », comme disait Rousseau. Alors, d’une certaine façon, j’ai souhaité lui rendre hommage.

Je vous propose de participer à la naissance de mon livre en m’aidant à faire de sa parution prochaine avec les Éditions Maïa, un succès. Plus les préventes seront nombreuses, plus il sera promu et diffusé. En retour, vous y graverez votre empreinte et y serez mentionnés en page de remerciements (selon accord). Vous recevrez ainsi le livre en avant-première, frais de port inclus !

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© Doom Art

Ce roman propose au lecteur de mener l’enquête à travers les intrigues d’une cour haute en couleurs et le Paris de la fin du XVIème siècle. Il s’adresse à tous ceux qui voudraient rencontrer cette femme, Louise de Vaudémont, qui a peut-être inspiré le conte de Cendrillon, mais aussi la reine Margot, Catherine de Médicis, Montaigne, Ambroise Paré… Oui, la Renaissance mérite bien un petit détour. D’autant que, par bien des aspects, ses problématiques sont d’une actualité indéniable.

J’ai voulu que mes personnages parlent comme nous. Parfois poliment, parfois sans détour, voire dans un langage familier et argotique. Car je ne voulais pas que cette histoire appartienne seulement au passé, je voulais la faire vivre au présent. Ce que j’espère, c’est de pouvoir donner vie à de nombreuses autres femmes de l’histoire, en leur donnant le premier rôle dans les aventures que m’inspirent tous les vestiges du passé qui s’offrent à moi.

Extrait de  Les petits meurtres de la cour d’Henri III  de Marie Agostini

Chapitre I

© Doom Art

Paris, le 3 mai 1575.

— Elle est là…
D’un signe de la tête, le tavernier leur indiqua la remise. Grimaud était un homme costaud, sans être gros et qui devait avoir une quarantaine d’années. Son regard sec tenait lieu de mise en garde. Et personne ici n’avait vraiment envie de lui tenir tête. Malgré leurs vêtements d’homme, un simple coup d’œil dans leur direction lui avait suffi pour reconnaître les deux jeunes filles. Elle avait beau porter un long manteau brun qui l’enveloppait presque entièrement, Ninon paraissait toujours aussi maigrelette. Quant à Charlotte, elle avait revêtu son pourpoint bleu turquoise, toujours le même, bien que la coupe fût complètement passée de mode. Il ne les connaissait pas depuis longtemps. Pourtant, c’était comme si elles avaient toujours fait partie de la maison. Madeleine les lui avait amenées, il y avait de cela quelques mois.
— Mes deux nouvelles demoiselles d’atours ! avait-elle brandi toute fière.
Madeleine de Vivonne avait récemment été nommée Première Dame de la reine. Et à ce titre, c’était à elle qu’il incombait de choisir celles qui auraient la charge de veiller sur la personne de la reine. C’était une tâche des plus ardues car il ne s’agissait pas seulement de l’habiller ou de la coiffer pour qu’elle soit belle, il fallait également prendre soin de la jeune femme et la protéger contre toute forme de malveillance. Madeleine n’avait pas eu besoin de chercher bien longtemps de telles perles rares. Elle avait eu un véritable coup de foudre pour Ninon de Saint-Pol et Charlotte d’Esquetot.

© Doom Art

Les deux jeunes filles étaient amies depuis leur plus tendre enfance et pourtant, Grimaud avait rarement vu deux personnes aussi différentes. Tant par leurs physiques que par leurs caractères. Avec ses longues boucles blondes et ses yeux clairs, Ninon lui rappelait parfois l’adorable petite fille qu’il avait eu autrefois. Comme elle, elle était si gentille et si douce, qu’il lui aurait mangé dans la main. Pour Charlotte, en revanche, c’était très différent. Bien qu’elle n’ait pas plus de 15 ans, cette fille donnait l’impression de n’avoir peur de rien. Ses grands yeux noirs affichaient tout le temps un sourire malicieux qui semblait se moquer de tout et de tout le monde.
— Elle te ressemble… lui avait glissé Madeleine, une fois.
Ce n’était pas son avis. Il lui semblait à lui qu’il était nettement plus renfrogné. Mais avec le temps, force lui avait été de constater qu’il leur suffisait souvent d’un simple regard pour se comprendre, lui et la petite brune.
Au bout du compte, comme Madeleine l’avait pressenti, les deux jeunes filles avaient immédiatement apprivoisé l’ours un peu bourru qu’il était. L’une par sa fragilité et l’autre par sa spontanéité.
— Jean-jean ! grogna-t-il. Conduis-les s’il te plaît…
Depuis le fond de la salle, le garçon releva la tête. Il ne devait pas avoir plus de 12 ans. Ses joues rondes et bien dodues lui donnaient un air poupon qui contrastait singulièrement avec ses jambes immensément longues. Sans rien dire, à la façon un peu bourrue de Grimaud, il se faufila entre les tables et les clients. À chaque pas, il avait l’air de tomber tant ses membres semblaient désarticulés. Il les mena devant une porte si petite qu’il dut se plier en deux pour la franchir.
À l’intérieur, Madeleine dormait.
Même ainsi, ivre au point de ronfler et affublée de vêtements qu’elle avait probablement empruntés à l’un de ses amants, cette femme de quarante ans demeurait sublime. Les ondulations de sa longue chevelure noire se répandaient sur le sol prolongeant ainsi les courbes molles et généreuses de ce corps assoupi. Par un jeu de lumière, les dames-jeannes disposées autour d’elle restituaient la lueur de l’unique bougie qui éclairait la pièce en un millier de petites flammes verdâtres. On aurait dit une déesse aux pieds de laquelle les fervents avaient déposé des milliers de cierges.
— Vous ne voudriez pas nous la garder jusqu’à demain ? s’enquit alors Charlotte. Parce que les courbes molles et généreuses, c’est bien beau, mais c’est surtout super lourd !
Remarque qui lui valut aussitôt un coup de coude de la part de Ninon.
— Non ! Nous avons besoin d’elle à la première heure demain ! la gronda-t-elle. Les ambassadeurs, ça te dit quelque chose ?
— Oui, bah, c’était juste une suggestion…
Tant bien que mal, les deux jeunes filles portèrent leur amie jusqu’à l’équipage qui les attendait sur le pas de la porte.
Dehors, la nuit était fraîche, mais douce. Des torches imbibées de suif distillaient une lumière crachotante sur les murs des maisons à colombages.
— Je vous préviens ! grommela Charlotte à l’attention de Madeleine qu’elle hissait péniblement à l’intérieur du carrosse. Dorénavant, je surveillerai scrupuleusement votre consommation de massepain et de dragées ! Finies les sucreries !
Avant de partir, Ninon embrassa le tavernier sur la joue.
— Merci, Grimaud.
— De rien, ma belle.
— Ninooooon ! gémit soudain Charlotte depuis la banquette. À l’aaaaiiiiiide !
— Mais quoi encore ?
Appesantie par l’inertie du sommeil profond dans lequel l’avait plongée le vin, Madeleine, que Charlotte serrait pourtant contre elle de toutes ses forces, s’affaissait irrémédiablement vers le sol. Elle serait bientôt allongée par terre de tout son long. Seul son menton qui s’était pris dans le pourpoint de Charlotte semblait l’empêcher de sombrer totalement.
— Voilà… fit Ninon en installant Madeleine plus confortablement. Eh bien ! Tu en fais une tête ! Qu’est-ce qu’il y a ?
— Rien, répliqua Charlotte. Seulement, j’aurais préféré que la première personne à mettre sa tête dans mon corsage ne soit pas une vieille ivrogne de quarante ans !Réponse qui lui valut un deuxième coup dans les côtes.
— Hé ! Si tu as quelque chose à me dire, je te serais reconnaissante de bien vouloir me parler plutôt que d’utiliser tes coudes sournois et terriblement anguleux !
— Je le ferais volontiers, lui assura Ninon, malheureusement, les coups de coudes sont le seul langage que ton tout petit cerveau est à même de comprendre !
— Mais pas du tout…
— AU PALAIS ! ordonna Ninon au cocher.
Partout dans la chambre de Madeleine, ce n’était que rubans, bijoux et chutes d’étoffes les plus diverses. Ninon voulut ranger ses vêtements dans l’armoire, mais celle-ci était déjà pleine à craquer.
— Je les pose ici, dit-elle en désignant la seule chaise de la pièce.
Après l’avoir déshabillée, Charlotte enveloppa leur amie dans une épaisse couverture. Comme Madeleine ne dormait pas, la jeune fille s’assit près d’elle et lui prit doucement la main. Certains de ses doigts étaient noirs, souillés par la tâche caractéristique que l’encre laisse toujours à la jonction du pouce, de l’index et du majeur.
— Est-ce que ça va ? murmura-t-elle doucement.
Pas de réponse.
Lentement, Charlotte défit les dernières mèches de sa coiffure.
— C’est fou, vous n’avez aucun cheveu blanc !
Puis, à voix basse :
— Figurez-vous que j’en ai trouvé un sur la tête de Ninon pas plus tard qu’hier…
Les petits meurtres de la cour d’Henri III
Chapitre 2
Paris, le 4 mai 1575.
— Ça, soupira Madeleine, c’est à cause de vous, aussi… Avec toutes vos bêtises…
Il ne restait de sa voix qu’un tout petit filet d’air, à peine audible.
— Tant mieux, car cela vous donne un petit air espiègle, la gratifia encore Charlotte.
— Dîtes donc ! Il y a du laisser-aller, là !
Charlotte faisait allusion à ses parfums.
— D’habitude, il y a au moins 6 ou 7 flacons sur cette table ! Et là, il n’en reste plus que trois. Ça fait vide ! Il me semble qu’autrefois, Simon vous gâtait davantage ! Est-ce que… vous vous êtes disputés ? se risqua-t-elle enfin.
L’espace d’un instant le regard de Madeleine s’attendrit parce que c’était le genre de choses que l’on demandait aux toutes jeunes filles. Elle n’aurait jamais pensé qu’à quarante ans on lui poserait encore la question ! Elle sourit et lui fit signe que non.
— Dans ce cas, sourit Charlotte, il faudra lui dire de vous en offrir de nouveaux !
Mais au lieu de l’égayer, cette plaisanterie plongea Madeleine dans une profonde tristesse. Instinctivement, elle s’empara du médaillon qu’elle portait autour du cou. Elle le serra à s’en lacérer la main, comme si lui seul pouvait l’exorciser une douleur dont Charlotte ignorait la cause.
— C’est un homme bon… Il n’a jamais voulu ça…
— Voulu quoi ? reprit Charlotte troublée.
— C’est un bien méchant tour qu’elle lui a joué, mais ça ne se passera pas comme ça. Cette fois-ci, je ne la laisserai pas faire…
— Mais de qui parlez-vous ?
Charlotte crut déceler des velléités d’épanchement dans le mouvement de ses lèvres, dans son regard, mais très vite tout s’était de nouveau obscurci.
— Ça suffit ! lui intima Ninon. Tu ne vois pas que tu la fatigues avec tes questions ? Elle a trop bu, elle ne sait pas ce qu’elle dit, c’est tout !
— Mais…
À la fois abattue par ses sombres pensées et assommée par le vin, Madeleine avait fermé les yeux comme pour leur demander de se retirer. Charlotte comprit qu’il était inutile d’insister. Elle se releva quand Madeleine retint brusquement sa main.
— Tout va rentrer dans l’ordre, lâcha-t-elle soudain. Je vous le promets.
— D’accord… murmura Charlotte un peu surprise.
Puis, la tête de Madeleine retomba lourdement sur son oreiller.
— Viens ! lui dit Ninon. Il faut qu’elle se repose maintenant.
Quelques secondes plus tard, elle souffla sur la bougie et plongea la chambre dans le noir.
Mais quand Ninon voulut franchir le seuil de la porte, Charlotte l’arrêta net.
— Qu’y a-t-il ?
— Je ne sais pas, j’ai cru entendre un bruit…
L’œil aux aguets, la jeune fille fixait une zone d’ombre au bout du couloir. Pendant quelques secondes, elles restèrent immobiles et un silence étouffant s’installa. C’était à peine si Ninon osait respirer. Petit à petit, à force de concentration, Charlotte commença à distinguer des nuances de noir à l’intérieur de ce renfoncement. Rien ne bougeait et pourtant…
Soudain, un miaulement.
— Oh ! soupira Charlotte à la fois agacée et soulagée. Un chat…
Il était tout noir, sauf l’extrémité de l’une de ses pattes qui était blanche.
— Oh, mais qu’est-ce que tu fais là, toi ? s’extasia Ninon.
La bête vint s’asseoir devant elle, puis se frotta plusieurs fois le museau.
— Minou, minou… fit la jeune fille en s’agenouillant.
Docile, le félin se laissa couvrir de caresses.

  • Les étapes de la création

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