Ce récit aborde la psychologie du passage à la vie d’adulte par l’œil sincère mais humain d’un jeune homme qui se trouve à la frontière de cette vie. Sans prendre de pincettes l’histoire est terre-à-terre malgré la romance qui s’en dégage, elle puise sa force dans une vision du monde nuancé, mais teinté d’erreur de jugement dû aux sentiments biaisés par les traumatismes d’enfance omniprésente qui traversent chacun de nous. Soutenir cette œuvre, c’est soutenir une vision pour permettre d’éradiquer une partie de la solitude qui peut nous atteindre face à de telles épreuves.

Extrait

Les yeux plongés dans l’eau étincelante de la clarté écarlate du ciel, la noir-ceur vierge de la lune vient remplacer les couleurs vives par une sombre couleur vide. Ma pensée se crispe, la peur du futur est là, je n’ose plus y penser, je suis sans vie, sans envie, sans avenir… Ce que je ressens n’est pas tristesse ou mélancolie des dernières années, non !

Ce que j’éprouve est beaucoup plus silencieux même qu’un manque, c’est le vide que je dis-cerne, que je goûte… Horrible ! Ça me ronge à une vitesse fulgurante, je suis comme un homme condamné à suffoquer pour le restant de ses jours. Une telle douleur est inconcevable et mes mains cherchent un moyen d’y remédier. Dans mes poches, des sachets de pilules péri-mées, achetées pour calmer ma dépression, mais leur utilisation maintes fois repoussée va faire qu’aujourd’hui ces doux bonbons achetés dans une confiserie d’un vieux HLM délabré vont me faire zapper, une fois pour toutes, cette douleur infâme. Je les sors toutes du paquet, une telle dose me fera totalement quitter mon corps pour ne plus y revenir. J’hésite, me lève, hurle. Je ne contrôle plus rien, mon corps agit seul. Il se calme et tombe de fatigue, mon cœur me fait mal, se tord et convulse à un rythme irrégulier. Une âme m’observe au loin, elle doit me prendre pour un fou. J’aimerais l’appeler à l’aide, lui dire mon désespoir. Mais à quoi bon ? Je ne passerai pas la minute. Une pulsion incohérente me pousse à me lever, comme un appel à l’aide, comme une envie d’être remarqué, mais personne n’est présent dans les alen-tours. Je me rassieds et regarde les comprimés entassés dans ma main droite. Ma décision est prise, il n’y a plus de retour en arrière possible. La mort ne m’effraie pas plus qu’une vie dé-nuée d’objectifs.