Le thème d’« Ophélie » tiré de la pièce de Shakespeare du même nom et surtout le poème que Rimbaud a consacré à ce personnage m’ont inspiré depuis quelques années le sujet principal de mes peintures et photographies qui sont reproduites, entre autres dans ce livre.

Dans cette biographie qui est aussi une œuvre de fiction qui concerne mon éveil à l’art et ce qui s’en est suivi. J’évoque mon émotion quand, au cours des Arts appliqués, je dessine à l’âge de quatorze ans mon premier nu féminin. Une expérience qui me marquera à jamais. Je raconte par le texte et les images, les sentiments et les aventures vécus avec mes différents modèles nus féminins.

Je ne crois pas avoir vu parmi mes nombreuses lectures un texte aussi intime accompagné par les images vraies, tableaux ou photographies qui racontent les émotions et les histoires qu’un peintre à vécu avec ces différents modèles nus.

Extrait

C’est accompagnée de sa cousine qu’Anaïs vint à mon appartement pour poser, seins nus. Je ne saurais exprimer de quelles pensées elles étaient animées ; que pouvaient-elles imaginer ? Je les trouvais très naturelles. Anaïs m’expliqua qu’elle était venue avec sa cousine, non pour me surveiller, mais pour se sentir encouragée. Elle ferait également office de conseillère, donnerait son avis. Je les accompagnai à la salle de bain en leur laissant le temps de se préparer et allai les attendre quelques pièces plus loin. Je les entendais rire ; il y avait chez elles un mélange d’amusement et de curiosité. Puis, au bout de longues minutes, Anaïs m’appela et nous nous retrouvâmes tous les trois devant l’entrée de ma chambre, contiguë à la salle de bains. Anaïs portait un short noir sous un peignoir. Je lui dis qu’il fallait qu’elle s’étende sur mon lit et que sa cousine s’installe sur une chaise juste en face. Je commençai par la photographier allongée sur le dos — de la tête au nombril — et la priai de faire des grimaces. Elle se prêtait très bien au jeu, demandant à sa cousine de l’inspirer, de lui donner de nouvelles idées. De mon côté, j’avais fait beaucoup d’images avec l’espoir qu’il en sortirait au moins une qui me donne satisfaction. Nous convînmes d’un rendez-vous pour une autre séance, où je me souviens qu’Anaïs est venue seule. Il y en eut de nombreuses autres. Beaucoup d’images furent réalisées, qui ont donné naissance à des tableaux de la série des « Ophélie ».

Voir un extrait des 25 premières pages