Le thème du récit relève d’une intrigue familiale. Quoi de plus banal me direz-vous ? Mais en creusant un peu, un double intérêt surgit et nous saute aux yeux.

Le premier est que tout le monde aime les intrigues ; qu’elles soient policières, sentimentales, politiques ou autre (…), elles attirent. Des histoires à rebondissements, souvent faciles à lire, qui excitent notre imaginaire et nous sortent de notre quotidien abondent les tables de chevet.

Puis l’ambiance de cette histoire où des lieux allant du Pharo (vieux port) aux calanques de Cassis sont dépeints. Voilà de quoi attirer des lecteurs qui ont souvent boudé Marseille, pour sa mauvaise presse, mais ont été séduits notamment depuis la pandémie. Les autochtones pourront les reconnaître, les touristes passés par ces lieux pourront les retrouver et ceux ne les connaissant pas pourront rêver.

Extrait

Chloé arriva gare Saint Charles par le train de 17 h 41. Venir de Dijon lui avait pris 5 heures, correspondance comprise. À 17 ans, elle était trop jeune pour avoir connu les travaux de rénovation qui avait agrandi et embellit cette gare. Mais arriver à Marseille était le signe pour elle d’un début de jours heureux. Pour commencer, elle retrouvait ici, rien qu’en descendant du train, des sensations propres à cette ville, d’abord les odeurs du soleil qui chauffe la terre et la végétation, puis celle de la lumière aveuglante. Enfin elle trouvait ici une ambiance bigarrée à laquelle elle n’était pas habituée.

Elle savait que sa mère Jennifer avait quitté cette ville pour suivre ses études à Lyon et n’y était revenue que très rarement, surtout pour l’accompagner chez ses grands-parents lorsqu’elle était enfant. Elle était née quelques mois plus tard alors que sa mère était encore étudiante. Elle vivait alors chez sa tante Marie, la sœur de Véra.

Aujourd’hui elle vivait avec sa mère à Dijon où elle tenait une galerie d’art. Quelquefois des hommes étaient apparus dans sa vie, mais jamais ils n’étaient restés. Chloé constatait que sa mère n’avait pas eu beaucoup de chance en amour et se demandait si elle n’en avait pas été la cause, passant son rôle de mère avant sa vie de femme.

Mais Chloé se demandait toujours qui était son père et pourquoi sa mère refusait de lui en parler. Elle lui avait promis qu’un jour elle le ferait, mais repoussait toujours le moment des aveux. Pourquoi tant de mystère ? Que s’était-il donc passé 18 ans plus tôt qui soit inavouable encore aujourd’hui ?