Février 1919, la Grande Guerre qui doit être la dernière est terminée depuis trois mois… La démobilisation s’effectue lentement, avec ses blessures autant physiques que psychologiques… Dans la détresse, l’amour subsiste et se renforce.

Deux frangins ont survécu, ils retrouvent l’horizon de leurs espoirs : Leurs familles, leur village de Saint-Robert, dans le Lot-et-Garonne pour certains, Coggia en Corse pour d’autres. 

Voici enfin la Nouvelle Aurore, l’éclipse est terminée, quatre ans sans voir le ciel bleu… Sauf les obus, étoiles filantes de la mort, blessant le clair-obscur en sifflant.
La paix, ils en rêvaient… Mais sera-t-elle à la hauteur de leurs espérances ? Que vont-ils retrouver en revenant chez eux ?…

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Extrait de Nouvelle Aurore de Noël Turo

Saint-Robert, est un petit village du Lot-et-Garonne, implanté sur les coteaux de l’Agenais, qui entourent plaines et vallons entrelacés, comme dessinés par la main d’un artiste et où l’œil se perd jusqu’à l’horizon. En traversant l’immense bois de Courties, qui le borde par des chemins ombragés, on est en osmose avec la nature et l’on parvient à la commune voisine : Sauvagnas. Chaque génération a su transmettre sa passion de la terre. Leur père Joseph Manet leur a appris à l’aimer, mais surtout à la respecter, héritage ancestral, qui a gardé ses traditions. Enfants, le soir, après avoir fait les devoirs de l’école sous la surveillance de Madeleine, leur mère, ils aimaient aller courir dans les prés autour de la maison.

Mais pour l’instant, après un long voyage en bateau, ils retrouvent la France, et accostent à Marseille. Le jour se lève, le soleil, comme une boule de feu, trace une ligne d’horizon entre la terre et la mer. Inlassablement, dans le vieux port, des voiliers qui attendent leur capitaine, se balancent au gré des vagues et rêvent de prendre le large, en faisant claquer leurs voiles face au vent marin.

Premier pas sur le sol français… Transition instantanée dans la capitale méridionale, joyeuse et colorée… Ses terrasses de cafés, les consommateurs qui parlent fort avec les mains, la liberté, la paix, la vie est revenue depuis la fin de la guerre. Les deux poilus sont dans un rêve… Ils n’auraient jamais pu y croire il y a trois mois, avec leur barda sur le dos à Salonique.

Ils ne passent pas inaperçu en déambulant dans leur uniforme. Les filles leur accordent un tendre sourire, une façon de dire merci et gracieusement, on leur propose de boire un verre dans une ambiance festive, sur le chemin de la gare. Un peu hésitants, ils continuent leur chemin et se félicitent d’avoir remporté une victoire sur ces tentations, car, pour le moment, leur objectif est d’aller à Agen, puis destination finale Saint-Robert.