Ce livre est une autobiographie. Il est original par son unicité. Le milieu du notariat est très fermé. Je voudrais révéler ce monde et aussi dénoncer les injustices qui s’y déroulent. Il s’adresse au plus grand nombre, que ce soit des personnes lambdas (car le vocabulaire y est accessible à tous), à des étudiants qui voudraient embrasser cette profession, aux politiques et aux médias.

Pourquoi ai-je eu besoin d’écrire ? Tout d’abord parce que je trouve que mon histoire est « lunaire » comme dirait mon amie parisienne. C’est hallucinant. Je n’en suis peut-être pas à Stupeur et tremblements d’Amélie Nothomb, mais je trouve que mon expérience a été dévastatrice sur le plan émotionnel. Ma fille m’a demandé si je n’avais pas peur de dégoûter des jeunes qui voudraient s’orienter dans la voie notariale. Non. Je ne dénonce pas tout un système, mais je raconte une histoire personnelle. Maintenant, quand je regarde le site sur Facebook, « Tu es Notaire ou Clerc de notaire si … », je pense que nous sommes nombreux à être désabusés de cette profession. De nombreuses études ont démontré que le métier de clerc de notaire est le plus vilipendé. Cette profession détient le plus grand nombre de personnes malheureuses, bien avant les gendarmes ou les instituteurs.

Extrait

Dans son sketch, « Le Philosophe arabe » Coluche parle de son frangin :
« Mon frangin, il est intelligent, et puis il bosse. (…) Il a fait toutes les études qu’on pourrait faire, il aurait même pu être notaire, ou des conneries comme ça. »
De même, dans sa chanson, « C’est ta chance » Jean-Jacques Goldman écrit : « Oh, tu seras sûrement jamais notaire. Pas de privilège hérité ».
Quand on me demande ma profession et que je réponds notaire, il n’est pas rare qu’on me fasse répéter. Sans doute mon apparence ne colle-t-elle pas avec la profession ? Je me souviens de la dernière fois où j’ai annoncé ma profession. Les personnes en face de moi n’y ont pas cru. Ils pensaient que je blaguais. Cela a bien fait rire l’ami qui m’accompagnait, mais cela m’a tout de même interpellée. J’ai certainement quelque chose d’enfantin qui ne correspond pas à l’image du notaire sûr de lui. Et je dois avouer que c’est désavantageux. Même lorsque des amis me demandent conseils, ils vont vérifier l’information ailleurs. Dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Christian Clavier incarne parfaitement le notaire tel qu’on se l’imagine. Installé, posé, riche, ventripotent, très belle demeure, beaucoup d’enfants, de l’allure, un langage châtié. Jamais je n’aurais pensé me diriger vers la voie notariale et encore moins y arriver.