Le thème de ce livre c’est le dépassement de soi, le fait que tout est possible avec beaucoup de volonté, mais surtout en acceptant l’aide de ceux qui nous tendent la main. Ce livre c’est une récréation, il est parfait pour tous les esprits légers qui veulent juste une petite bulle supplémentaire dans leurs champagnes, mais aussi pour tous ceux qui sont englués dans des quotidiens lourds, dénués de plaisir futile, et évidemment pour tous ceux qui se placent entre les deux. Pour écrire ce livre, je me suis beaucoup inspiré de gens chers à mon cœur. Patrick’s O’Nolan a dit « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », tout est question de point de vue, voulez vous avancer le plus vite possible au mépris du paysage et des gens qui l’habite, ou voulez vous prendre le temps du voyage en appréciant chaque inspiration et chaque regard croisé pour apprendre et s’enrichir des autres ? Moi j’ai fait mon choix, je veux kiffer le voyage, et embarquer tout le monde avec moi.

– Qui êtes-vous ? avaient-ils dit en chœur, d’une voix forte et puissante, sans agressivité ni sous- entendu, juste une question logique et de bons sens, mais à laquelle je ne m’étais absolument pas préparée.
En même temps, je n’étais vraiment pas prête pour ce genre d’entretien, et j’avais toujours eu une vraie angoisse pour cet exercice de prise de parole devant des inconnus, donc bref, j’avais les deux pieds dans la merde, mais il fallait que je réponde, au risque de passer pour la benête de service, ce qui ne me servirait pas.

J’aurais rêvé mettre une main sur une hanche, et faire avec l’autre de grands gestes théâtraux suivant mon regard et lançant d’une voix pleine d’assurance : « Qui suis-je ? Eh bien, je suis à la fois tout » ma main et mon regard s’envolant vers le plafond, « et rien » en regardant soudainement le sol tout en laissant tomber mon bras, telle une grande tragédienne en plein exercice de son art. Mais à bien y réfléchir, pour qui étais-je « tout » ? Mes enfants ? Grand Dieu, non ! Je les ai mis au monde, chéris, adorés plus que tout, et je les aime de manière inconditionnelle, pour moi ils sont tous, mais pour eux je ne suis que leur maman, le « tout » sera pour leurs amoureuses, puis leurs enfants. Mon mari ? Nous avons toujours été un couple très amoureux l’un de l’autre, mais très pudique dans nos sentiments, je ne pense pas que je sois son « tout », et je ne le souhaite pas, cela l’étoufferait. Alors peut-être mes parents, c’est possible, mais je suis bien trop discrète, et j’ai mis trop de barricades autour de ma vie, pour être digne de leur « tout ». Alors, il ne reste que mes chats, à bien regarder la chose, je représente pour eux leur employée de maison qui distribue les croquettes, lave les gamelles, et s’assure que les coussins sentent bon la lessive, donc oui peut-être que je suis leur « tout », mais bof, ce n’est pas glorieux, en somme le « rien » était plus proche de la vérité. Et au final, la seule chose qui était sortie de ma bouche, d’une voix monocorde et inaudible pour une personne à plus d’un mètre de moi fut :
– Gertrude Plissard.