C’est le récit de trois longs séjours passés sur d’immenses cargos parcourant l’Atlantique.
Destination la Colombie, l’Argentine, puis le Costa Rica. Chant d’amour, chant des sirènes. Voyage au plus profond de l’intime et aventures marines insolites. Le temps qui passe, lentement. Les ports et leur agitation. Les coulisses de la marine marchande. Les escales et leurs péripéties. La vie à bord. Les arrivées et les départs. La solitude. Les tempêtes intérieures qui se mêlent au tumulte de l’océan agité. Une écriture musicale, tantôt lyrique, poétique, humoristique, ou même picaresque, invite le lecteur à partager ces grandes traversées. Passé et présent se côtoient, se heurtent parfois. Long parcours du deuil. Rendez-vous nocturnes avec « mon étoile ». Au loin, la paix. Voyage à l’horizon de la joie. Mon interlocutrice… Ma fille, éternelle lumière ! »
Je souhaite partager avec le plus grand nombre le témoignage de mon chemin de résilience et, peut-être aussi, apaiser d’autres mères endeuillées. Puissent-elles aussi trouver leur « Étoile ».

Extrait

À bord du fort sainte Marie 26 AOUT 2016 ..
LE HAVRE/COLOMBIE JOUR 12

« Oui, dans moins d’une semaine je vais débarquer à Cartagena, en aventurière. Créatrice de mon voyage. Tricotant les fils de mon emploi du temps au jour le jour. Je vais parcourir la Colombie durant un mois, seule, aux commandes de mes désirs. Encore un rêve à accomplir. En évoquant cette nouvelle étape, un petit frisson me parcourt. J’avoue que même si cela m’excite follement, cela me fait un peu peur !
Ici, bien que voyageant seule, je suis entourée par toute cette vie maritime, ces rituels où chacun a un rôle bien défini. Je ne décide rien, je suis le mouvement. J’occupe mon temps au gré de mes envies, sans qu’aucune contrainte domestique ne m’encombre. Je me laisse guider tant par l’équipage que par mon imagination devenue ma boussole intérieure. Quel luxe !
Mais la peur n’est-elle pas le préambule à toute expérience nouvelle ? »

À bord du Cap San MARCO BUENOS-AIRES/ROTTERDAM
5 heures du matin

J’écris dans ma tête. J’écris dans ma tête. J’écris dans ma tête… Et ça me fait mal.
Des mots, des mots, des mots dans le silence des draps. Ils tambourinent dans ma boîte crânienne et ne me laissent pas en paix, fourmillent par milliers dans le désir de ma main droite. Ils rejoignent les chants d’oiseaux et s’échappent avec eux. Troublent mes nuits, fatiguent mes jours, noircissent mon sang et se noient dans l’océan et sous la pluie. Dégoulinent en sueur sur mon front fatigué.
Tous ces mots dans ma solitude ont déserté ma bouche et bavardent dans le désordre incessant de mes pensées, obsédants, épuisants… Mais aussi rassurants car je puise inlassablement à l’encre de cette source la sève qui me nourrit et me réveille. Inspiration vitale qui transperce tous les désespoirs. Voie lactée de mes démons intérieurs, traçant les phrases de petits mots blanchis par la lune.
Pierrot veille, Pierrot me sourit et les mots deviennent notes dansant sur une portée légère, inscrite dans le ciel de mes nuages.
Blanches, noires, croches. Doubles et triples croches s’accrochent à l’horizon. S’approchent, pantomime incessante. Jaillissent orchestrant la lumière.
Ma tête redevient légère. Coton dans les nuages. Dans ma main, bien serrée, brille la clef des songes.
« Au clair de la lune mon ami Pierrot, m’a prêté sa plume pour écrire un mot »