Comment une enfant « bizarre » en vient à voyager alors qu’elle s’enfonçait dans la terre ?
En suivant le chemin de Blanche, cette question singulière, celle d’une vie qui s’édifie, se déploie, s’arrête pour mieux rebondir, ouvre des portes plus ou moins familières. Et si les évènements que l’héroïne traverse viennent témoigner de ce qui nous est commun à tous, l’espoir d’une vie meilleure, leur banalité ou leur étrangeté nous disent toute la complexité de cette aspiration.
Qui est Blanche et quels voyages fait-elle ? La façon qu’elle a de chercher des réponses, aidée par des personnages essentiels, propose le récit de son émancipation.

Extrait

Mardi 15h30, c’est le jour et l’heure du rendez-vous. Je ne me suis pas habillée différemment de d’habitude. Pantalon, pull, et mon trench-coat que je traîne par tous les temps. J’ai pris un sac à mains, chose que je ne fais jamais, mais il me fallait bien un endroit pour ranger mon carnet de chèques. J’y ai aussi mis mon copain. Je ne lui ai pas laissé le choix, il ne pouvait pas en être autrement. Je suis partie à l’avance comme à chaque fois que j’ai rendez-vous. Repérer les lieux, m’habituer à l’environnement, hésiter un peu. C’est une lourde porte en bois qui ouvre sur un couloir. Au bout, quatre marches qui conduisent à un vieil ascenseur. Arrivée au sixième étage, une porte peinte en vert, je sonne et j’attends un temps qui me paraît interminable. Une femme vient m’ouvrir et me fait entrer dans une petite salle d’attente. Je ne pense à rien, je ne sens rien, je me concentre sur ce moment d’une rencontre qui va venir et dont je ne sais rien. La porte s’ouvre et cette femme me fait entrer dans une pièce. Il y a un fauteuil légèrement sur la gauche, un autre en face et un peu plus loin un divan. Quelques étagères et une petite table la meublent, deux fenêtres donnent sur les toits découvrant un ciel gris ce jour-là. Cette femme s’appelle Odile Lombre. Elle a un visage rond, des yeux marrons, des cheveux auburn mi-longs ; elle est habillée simplement d’une jupe et d’un pull en V. Le sourire n’est pas loin d’un regard qui ne me transperce pas mais m’enveloppe.