Confronté, comme vous, sans relâche, au brouhaha ambiant et parfois dévastateur, les silences de ma vie m’ont permis de m’offrir le sursaut me permettant de surmonter mon désarroi, mon indignation ou ma stupeur.
Comme un poisson hurlant sur la berge, dont la détresse, pareille à ce flot de larmes que personne ne surprendra ruisseler, on pouvait imaginer que mes silences n’avaient aucune signification.
Ces quelques pages autobiographiques, démontrent le contraire : ils voulaient tout dire, dans le long discours intériorisé que je m’imposais pour me sauver.
Je vous livre quelques images jaunies, celle des silences d’une vie ordinaire qui débute après la Seconde Guerre mondiale et se conclut, avant que nous ayons à subir la suivante…

Pour tout lecteur qui en douterait, ce livre permet, sans prendre parti, de mesurer à quel point, en 75 ans, nous sommes passés d’une « civilisation » à une autre.

« Vie de quartier »

Tout le quartier se retrouvait en arc de cercle devant la maisonnette ou « les artistes » occupaient l’étage.
Des objets jaillissaient par la fenêtre ouverte.
Madame « Le Guéret » débitait toutes les grossièretés possibles à son conjoint qui ne bronchait pas, mais la frappait consciencieusement.
Nous entendions des cris à chaque gifle ou coup de pied qui atteignaient leurs buts.

Loin de la calmer, ces violences physiques, excitaient plus encore Madame, qui le cheveux gras, le visage osseux et pâle, apparaissait comme une marionnette à sa fenêtre et nous prenait à témoin.

« Un chirurgien prétentieux »

À moins que ce chirurgien, ait craint, que trop de défections d’opérés potentiels, ne le pénalisent financièrement, et qu’il soit contraint un jour, d’en être réduit, à occuper « un poste à la découpe » de poulets fermiers bio, dans un abattoir coopératif, de grâce Hypocrate, faite qu’il descende de son piédestal, comme le firent de leurs branches de baobab, ses ancêtres australopithèques, homo érectus et sapiens.
Comme nous « il vient de là ».
Comme moi, Il est le fruit d’une relation furtive entre un homo sapiens hétéro et d’une artiste « néandertalaise » qui revenait d’un vernissage de ses oeuvres dans la grotte Chauvet, pour rejoindre son atelier à Lascaux. N’est-ce pas en parlant de lui, que dans les cocktails mondains, l’une de ses récentes conquêtes se plaignait que descendant pourtant de l’homo érectus, ses rares érections étaient minables.

« Campagne électorale »

C’est alors que le bras droit du chauffeur s’élève, il semble chercher quelque chose derrière son pare-soleil.
Le bras et la main reviennent vers moi, vers mon visage et je sens sur mon front quelque chose de froid…
C’est le canon d’un revolver.