Ce livre est fait pour les gens qui aiment suivre des chemins inédits pour arriver à des vérités souvent bien évidentes. Il est composé de conte d’inspiration chamanique et animiste. Et l’intérêt de la forme du conte est que c’est une formidable moyen de locomotion dans l’imaginaire. Mais aussi de découverte : toutes les intrigues développées dans ces contes, sont toujours inspirées de faits réels (géographique, mythologiques, historiques, humains, etc…) Ainsi, le réel et l’imaginaire se mêlent pour composer des tableaux, luxuriants d’une nature qui prend vie et la parole, et qui nous amènent à la réflexion. Sur notre propre condition, sur nos valeurs, notre rapport à la nature et aux autres. Des questions sur lesquelles il est intéressant de se pencher aujourd’hui…

Extrait

Cette histoire se passe il y a fort longtemps. On ne saurait dire quand, sauf qu’en ce temps-là, il y avait beaucoup plus de couleurs. Et bien sûr, rien n’était tout noir ou tout blanc, mais plutôt azur, comme un ciel d’été sans nuage.

En ce temps-là, vivait un jeune garçon, dans la forêt. Il grandissait simplement, dans la joie, entouré de ses parents, et de ses frères et sœurs. Même s’ils étaient pauvres, l’amour ne faisait jamais défaut dans leur sombre petite cabane au fond des bois. Malheureusement un automne, les ressources ne suffirent plus à nourrir toute la famille, l’aîné de la fratrie décida alors de partir, au matin de ses seize printemps.

Conter c’est rapide, le réaliser vraiment, c’est plus long. Voyage a-t-il vite ou longtemps, nul ne peut le dire.

Un jour qu’il avait trouvé refuge à l’ombre de bouleaux et régalé de racines sauvages, il s’endormit. Sans s’en rendre compte, il dormit trois jours et trois nuits. Au quatrième matin, juste avant le lever du jour, un gigantesque cerf lui apparut en rêve. Il avait le pelage constellé d’étoiles et les bois ornés de fils du temps ponctués de gouttes de rosée, que de petites ailes de faucon faisaient tinter depuis ses flancs. Ils discutèrent comme de vieux amis, le garçon étant persuadé de rêver.

À la fin de la conversation, le grand cerf lui dit : « – Tu voyages bien seul ami. que je t’accorde un don ? Celui de communiquer avec toute créature demandant ton intervention ? – C’est une drôle de question, mais je suppose que oui, répliqua le jeune homme, je me sentirais sans doute moins seul. » Le cerf reprit : « Entre par mon oreille droite et ressort par la gauche, c’est le chemin de la vie. L’inverse, celui de la mort ». Et le garçon suivit les instructions du cerf. En sortant de l’oreille gauche, il fût submergé par un merveilleux vacarme. Comme si chaque âme de la forêt donnait désormais de la voix : chaque feuille, pierre, brin d’herbe, insecte ou oiseau semblait composer une mélodie, si intense qu’il en fût aussitôt tiré de son sommeil. Ce n’était qu’un rêve, si dit-il. Et il reprit sa route. Quelques pas plus tard, dans le capharnaüm de pépiements des oiseaux, de tintements du ruisseau et bruissements des arbrisseaux, il distingua une plainte. Un gémissement de douleur…