Caroline a une vie agréable, un travail intéressant, deux filles, un mari, Antoine, qui l’aime et qu’elle aime. Un jour, elle tombe par hasard sur une photo d’elle à vingt ans, posant devant les falaises d’Etretat. Or, elle ne s’est jamais rendue en Normandie et surtout elle ne vivait pas en France à cette époque. En cherchant des réponses, Caroline va alors déclencher un tsunami dans sa vie, le deuxième, puisqu’elle a déjà survécu celui de 2004, en Thaïlande. La vérité va la rattraper douloureusement et avec elle un vieil homme aigri et dangereux, venu pour tuer.

Ce livre parle des apparences et des histoires qu’on se raconte et auxquelles on finit par croire comme si elles avaient toujours été vraies. Et puis il parle de ces personnes qui s’adoptent parce que sinon la vie serait bien trop cruelle. On dit qu’on ne choisit pas sa famille et si justement on la choisissait ?

Extrait

Nul besoin d’être psy pour supposer que la disparition brutale de ses parents dans le Tsunami de décembre 2004 est à l’origine de ce sentiment permanent d’insécurité. Alors depuis longtemps, elle goute le bonheur avec la certitude qu’il peut s’arrêter à tout instant, sans prévenir.
En arrivant au bureau, elle prend la photo dans ses mains et se promet d’en parler à son mari. Ils se sont rencontrés l’année où ils fêtaient leurs vingt-quatre ans tous les deux. Sur cette photo, elle ne semble même pas être majeure. Il saura quoi penser de ce cliché. Il sait toujours tout.
Quand elle rentre dans la salle de réunion, elle présente le visage serein habituel de Caroline Guérin, une femme élégante et sure d’elle. Mais sous cette façade, l’angoisse s’est engouffrée, avec une chanson non fredonnée depuis longtemps :
– Il suffira d’un signe, un matin, …Cette photo prise à Etretat ne colle pas avec son histoire. Si jeune, Caroline ne vivait pas en France, mais à des milliers de kilomètres des côtes normandes. Et si elle a été amoureuse avant Antoine, qui était-ce ? Est-il encore vivant ? Alors quand sa collaboratrice liste les sujets à l’ordre du jour de la réunion, la petite voix dans sa tête continue :
– Il suffira d’un signe, un matin, un matin tout tranquille et serein.
Cette chanson appartient à un autre siècle, à une autre époque, à une autre vie. La photo aussi.
Elle essaie de se concentrer sur les paroles de sa collègue mais son esprit revient sans cesse sur elle à Etretat devant la voiture rouge. Qui regarde-t-elle avec les yeux de l’amour ? Pourquoi existe-t-il une photo d’elle à un lieu où elle n’est pas censée avoir été.
Un mot s’affiche devant elle. Mensonge. Il résonne dans son corps comme une sonnerie. Caroline n’écoute plus la présentation de sa collaboratrice qui assez perplexe, se demande ce qu’elle a pu dire pour que sa chef rougisse autant.