Comment est réellement notre Univers ? Un objet mathématique ? Est-il en réalité unique et continu, sans frontières physiques réelles autres que celles de notre connaissance ? Comment respire-t-il, s’épanche-t-il, brûle-t-il ? Nous cache-t-il, par pudeur, des beautés qu’il souhaite préserver ? « Ailleurs » est-il si différent ? Invitons-nous à rencontrer toutes ces existences qui se meuvent, conscientes d’elles-mêmes ; accostons dans cette immense Vie qui regroupe quantité d’êtres qu’ils ressentent.

Ce petit roman est né d’une envie de colorer un peu plus l’univers qui nous entoure avec de vraies fleurs, des êtres véridiques, d’échapper à l’artificiel, au construit, au convenu. Paradoxalement, la science-fiction et le fantastique permettent ce naturel et cette authenticité dont nous nous sentons que trop privés. Qu’une personne ressente une différence, appartienne une expression « remarquable » de la nature, ou se trouve affublée d’une faiblesse physique, une maladie orpheline, sa réaction au monde est souvent la même. Peu d’options. L’affronter, avoir la force de s’affirmer, ou bien de tâcher de se modifier par la médecine, ou alors tenter de l’escamoter, voire de la nier, de vouloir être vu normalement pour ne pas être une cible… Être un lâche devant sa nature. La nature est innocente, les Hommes ; seuls sont coupables…. en attendant l’Humanité.
C’est sur ces questions de « l’infini » Espace et « l’illimitée » volonté de l’humain à être lui-même, manifester sa différence que j’ai décidé d’épancher ma soif d’écrire et de décrire quelques moments de vie dans ce grand macrocosme de la condition humaine.

Extrait 1

Les rumeurs étaient allées bon train : Gwal ne serait jamais un “homme”, répandaient les colporteurs de ragots. Il ne serait jamais cet être identifié, estampillé, aux codes physiques et comportementaux que les livres de science naturelle ou autres ouvrages anthropologiques décrivent. Il se cachait de plus en plus des autres, ne se mêlait plus aux réunions de camaraderie, refusait le regard des “filles”. Qui était-il ? Plus grave, qu’était-il ? Personne pour répondre, autrement qu’avec des termes qui le renvoyaient à une erreur de la nature. À 17 ans, il s’était retrouvé contraint à une distance de sécurité pour se préserver des attaques mesquines, des allusions moqueuses qui pleuvaient sans cesse et qui alimentaient les conversations. Elle y assistait, en lâche. “On”, cet indéterminé, ce diffamateur pronominal racontaient qu’il était atteint d’Insensibilité Partielle aux Androgènes, le syndrome IPA. Elle ne connaissait que trop ce syndrome dont la fréquence d’apparition augmentait chaque année.

Ce n’était pas la production de testostérone qui était en cause, mais plutôt le chromosome X et son récepteur aux androgènes inefficient. Elle-même en était atteinte, ou plutôt de la forme la plus radicale, le stade ultime et pourtant le plus invisible pour autrui : une Insensibilité Complète aux Androgènes, appelée ICA dans la Classification Universelle des Maladies d’Eukléidie…

Extrait 2

Le projet “Frontières de l’univers” avait grandement progressé. Ils pouvaient contempler désormais par-delà l’horizon observable, à plus de cinquante milliards d’années — lumière. Le phénomène d’inflation dans l’instant qui suivit le Bing bang et celui de l’expansion qui l’étendait toujours plus vers l’infini, avaient généré un Univers bien plus vaste. Il s’incurvait bien pour former en toute apparence un tore avec son Anti-univers. Anti- univers et Univers, en symétrie parfaite par rapport à leur Singularité, formaient un Tore à collier nul. Leurs particules de matière étaient bien en opposition de charge électrique. Un jet constant de rayons gamma et de photons jaillissait sans cesse de ces confins, comme si ces deux entités gigantesques tentaient de se souder l’une à l’autre.