©Christian Girard, artiste peintre

Bien qu’il n’ait pas de cible particulière, ce récit sera plus à même d’être apprécié par un public qui affectionne les histoires où l’irrationnel impose au lecteur de se laisser emporter sans résister.

Cette histoire se déroule dans un village perdu au fin fond de la haute Corrèze où Victor Lebrousseux, un retraité de la fonction publique, s’est découvert des talents d’écrivain. Mais bizarrement, alors qu’il progressait très rapidement dans l’écriture de son roman, ses inspirations lui semblaient de plus en plus étrangement précises, comme si quelqu’un les lui dictait. Il n’y portait pas plus d’attention que ça jusqu’au jour où il découvrit avec effroi que toutes ses idées originales lui étaient dictées par un défunt, qui, pour le mettre face à cette irréelle réalité, alla même jusqu’à le conduire indirectement devant sa singulière sépulture.

Extrait de  L’étrange histoire de Victor Lebrousseux  de Jean-Claude Vilcocq

Le réveil au sortir de certains rêves est parfois vécu comme une délivrance, un soulagement que ce ne soit qu’un cauchemar. Mais parfois, le sentiment que l’on était sur le point d’accéder à une révélation, à un immense secret, que ce réveil malencontreux est venu interrompre, nous laisse un goût d’amertume, une sensation désagréable d’inachevé. Ces sensations de frustration qui ont régulièrement perturbé mon réveil, je les ai trop souvent ressenties lorsque j’étais vivant, et maintenant que je fais partie des faiseurs de songes, je fais de mon mieux pour m’éclipser discrètement lorsque ma présence n’est pas déterminante, afin d’éviter à ceux que j’ai tant aimés dans mon existence ce désappointement d’avoir été abandonnés brusquement avant la fin de la représentation. Oui, vous l’avez compris, je fais partie des faiseurs de songes. Je fais partie de ceux qui n’existent plus aux yeux du monde mais qui sont quand même toujours présents dans vos rêves. Ce n’est pas moi qui décide de mon itinéraire, du rêve dans lequel je vais être invité ; je vais où l’on m’appelle, je participe aux scénarios les plus fous auxquels on me convie. À l’occasion, j’essaie toujours de distiller quelques signes ou conseils à ceux que j’aime, mais malheureusement peu d’entre eux savent les décrypter. À ceux-là, je me contente de donner un instant de douceur nostalgique afin qu’ils gardent un bon souvenir de notre rencontre.