Avez-vous remarqué la manière dont la parentalité a évolué ces dernières années ? À quel point il est devenu important pour nous, les parents d’aujourd’hui, d’être de bons parents, de préserver nos enfants ? À quel point le bien-être et le bonheur de nos enfants sont devenus des préoccupations centrales ?
Il est possible que vous ayez déjà rencontré des parents papillon et peut-être même que vous en fassiez partie, vous aussi, sans le savoir…

Au cours de l’histoire, la parentalité n’a eu de cesse de se transformer, nous constatons à quel point les exigences sociales qui pèsent aujourd’hui sur les parents et plus spécifiquement sur les mères, peuvent conduire à développer de la souffrance psychique. Contribuer à la naissance de cet ouvrage c’est non seulement permettre de libérer la parole des parents, mais aussi lever les tabous sur la condition parentale et enfin, décortiquer les raisons psychologiques et sociales qui peuvent conduire certaines personnes à souffrir d’être parents ceci afin de retrouver de l’apaisement.

Je vous remercie par avance de participer à ce projet !

Extrait

Accueillir des parents en souffrance dans nos consultations de psychologues est de plus en plus fréquent.
Les plaintes et les difficultés qu’ils nous exposent relèvent non seulement du surmenage, de la difficulté à supporter la pression au quotidien, de la gestion de conflits avec leurs enfants, mais également de l’anxiété liée au fait d’être parent. Plus globalement, j’entends chez eux une grande souffrance. Cette souffrance est le fruit de la confrontation entre l’aspiration à une vie de famille idéalisée et la réalité.
Ces personnes, profondément aimantes et souhaitant sincèrement donner le meilleur à leurs enfants, souffrent et s’épuisent sous le poids des exigences qu’elles s’imposent dans leur parentalité.
Ces nouveaux parents évoluent dans une société rendue anxiogène par l’hyperinformation et l’hypercontrôle. Ils désirent être les meilleurs parents pour leurs enfants. Ces parents, nourris à l’éducation bienveillante et à la parentalité positive, s’imposent parfois des conduites éducatives éprouvantes.
En plus des injonctions de veiller au bien-être de leurs enfants à tous niveaux et en tous points, ces parents ont tendance à souhaiter paramétrer le moindre détail dans leur existence. Ils veillent à ne rien laisser au hasard et s’assurent que tout a été convenablement pensé et « géré ». Les préoccupations concernant les besoins de leurs enfants sont tellement envahissantes qu’elles peuvent finir par générer des troubles psychiques qui se situent au carrefour des troubles anxieux et du burn-out parental.
Ces parents ressentent le désir fondamental de rendre heureux leurs enfants en se mettant à leur service, au service de leurs besoins réels ou imaginés et ce, aux dépens de leurs propres besoins.

Je les appelle les parents papillon.

Ils volent au-dessus de leurs enfants pour s’assurer de subvenir au moindre de leurs besoins, prévenir les potentiels dangers et difficultés, car ils ont peur pour eux.
Ils ont développé des antennes particulièrement sensibles qui sont connectées à leurs progénitures.
Ils sont angoissés par le risque d’être de « mauvais » parents et par l’idée que leurs enfants puissent être malheureux ou souffrir. Ils ont peur de mal faire, peur des conséquences de leurs attitudes sur le développement de leurs enfants, peur de les traumatiser, de leur faire du mal, eux-mêmes ayant souvent beaucoup souffert des agissements de leurs propres parents.
En effet, le parent papillon est un être complexe guidé par ses craintes et son désir de bien faire les choses. Il est au service de son enfant, dévoué, quel qu’en soit le prix. Rien n’est trop ou rien n’est jamais assez. Il s’agit là de la version pathologique de la « mère poule » classiquement évoquée dans les relations mère-enfant, cette fameuse mère qui couve ses petits et attaque ceux qui s’en approchent.
Plus ces personnes ont, avant de devenir parent, des personnalités anxieuses, un besoin de contrôle important ou encore souffrent d’un schéma de carence affective ou d’abandon actif et non identifié, plus les risques de se transformer en papillon sont importants.
De même, plus ces personnes ont vécu des chocs émotionnels non traités au cours de leur vie, pendant la grossesse, au cours de l’accouchement ou concernant leurs enfants, plus elles risquent de développer le syndrome du parent papillon.

Ce syndrome est culturel et propre à notre période.