La plume me permet de m’immerger dans la France du grand siècle avec le souci du détail qui révèle un passé peuplé d’êtres humains fort ressemblants à ce que nous sommes aujourd’hui.

Mon style est très proche du réalisme historique s’attachant à disséquer des situations ou des personnages (souvent réels) emportés par les évènements de la vie quelquefois macabres sans tomber dans les poncifs émotionnels actuels.

Le 20 mars 1704, l’alchimiste Vinaccio, dit Vinache est trouvé mort au troisième étage de la tour Bertaudière de la Bastille. Tout le monde s’accorde pour désigner le geste d’un désespéré. Toutefois, eu égard aux activités financières exercées par le défunt, le roi confie l’enquête au chevalier Jean de Malbranche aidé de Monsieur de La Reynie, miné par la solitude de sa retraite. Cette sinistre tour a également hébergé le masque de fer dont le nom secret pourrait constituer une des voies de recherches du chevalier, assisté également de sa femme, Mathilde, qui exige de connaître le nom du mystérieux prisonnier.

Le lecteur prendra plaisir à se plonger dans l’histoire de cet étrange italien dérangeant bon nombre de personnes, tenant d’excellents mobiles pour provoquer d’une manière ou d’une autre sa mort. Cet intrigant immensément riche a fait longuement parler de lui par les protagonistes de l’époque qui se sont évertués à décrire avec beaucoup de précisions, sinon de détails entourant ce personnage sulfureux. Le chevalier de Malbranche fera son enquête en exploitant toutes les pistes de l’époque. Il fera en sorte d’exhumer des solutions inédites. Au fil des dialogues écrits dans un français un peu désuet (très éloigné du XVII inélégant et difficile à lire) piqué de mots pittoresques, il croisera des grands noms de la cour royale et des anonymes poursuivants, tous, un rêve de gloire ou de richesses.
Ce livre demande beaucoup de recherches destinées à restituer l’ambiance du grand siècle sans omettre les détails décrivant les pratiques et usages existants. D’ailleurs, le lecteur curieux pourra se reporter à une bibliographie fournie en fin d’ouvrage.

Extrait

… Du Junca était présent, le visage pâle, fraîchement remis d’une « indisposition de boyaux » plaisanta-t-il, en l’accueillant dans la Première Cour ensoleillée de la Bastille.
Ils s’installèrent dans la salle du conseil. Jean lui signala la sortie du valet La Boulaye dont le nom de son libérateur restait inconnu.
— Voilà pourquoi, chevalier, et comme déjà dit, je tiens deux registres de mon chef, l’un pour les entrées et l’autre, pour les sorties car ici rien n’est fait… cela m’insupporte grandement, expliqua-t-il, désabusé, en brandissant les deux gros cahiers.
— Adonc, il n’y a point de registres réservés à l’usage de noter les entrées et sorties en consignant les ordres idoines comme de droit dans les autres maisons de force de Sa Majesté ?
– Non. Ici, le tout des ordres est mis dans des coffres aux archives et quelquefois méchamment enliassé sans grand soin et difficilement consultable quand il n’y a point de perte par les rats ou par l’eau de la seine.
Jean le caressa en le félicitant pour son sérieux. Il s’engagea à en faire part à monsieur Chamillart, pour une récompense bien méritée. Et là, Jean joua sa carte personnelle.
— Monsieur, parlez-moi de l’inconnu au masque.
Du Junca eut un haut-le-corps.
— Voilà une question bien éloignée de votre affaire que j’ai entendue comme résolue…
— Assurément. Mais, il me faut encore investiguer car il serait malséant d’accuser à tort.
— Et l’homme au masque de fer est à votre menu pour clore votre enquête ?
— Oui, mentit Jean, pressé d’obtenir un maximum de renseignements pour Mathilde.
Vous trouverez-là des réponses à vos questions, répondit-il en tapotant sur le registre des entrées. Que voulez-vous savoir ?
— Tout de cet homme.
— Mais, chevalier, je ne comprends pas l’utilité…
— Allons, qu’on en finisse, hâta Jean, mal à l’aise.
Sans plus discourir, il ouvrit le cahier des entrées, et il lut péniblement ses commentaires écrits à l’arrivée de l’inconnu au masque à la Bastille…