Autour d’une enquête policière, cet ouvrage aborde certains travers de la société moderne, la difficulté des relations humaines, la psychologie. L’intrigue se pose, presque essentiellement, dans une unité de lieu et le passé, le présent et l’avenir se reconstruisent entre deux personnes arrivées là par hasard.

Extrait

Le bus s’arrêta net. Terminus. Marissa ne reconnut pas immédiatement où elle se trouvait. Elle descendit d’un pas prudent, chaque individu partait de son côté. Elle observa les immeubles, le nom des rues, elle ne connaissait pas très bien le quartier mais savait que la gare n’était pas très loin.
Partir, encore plus loin, plus vite, c’était la solution. Se retrouver ici n’était peut-être pas un hasard, elle devait monter dans un train. Elle fouilla dans la poche de son jean, il lui restait 42 euros. Elle marcha rapidement jusqu’à l’entrée de la grande gare et se retrouva sous l’immense horloge en fer forgé. Ses mollets la faisaient souffrir, elle sentait une crampe pointer le bout de son nez, et un point de côté tapait contre ses côtes. Elle n’avait plus autant couru depuis son enfance. Mais elle était décidée, et dos au mur. Elle pénétra à l’intérieur de la gare. Placée sous un immense tableau noir et jaune qui indiquait les départs et les arrivées, elle prit pour la première fois le temps de réfléchir. Le plus loin possible, c’est ce qu’elle cherchait. Mais son budget était limité. Elle allait devoir manger, s’habiller, elle ne savait pas combien de temps sa fuite durerait. À 7 ans elle avait fugué de la maison, et après une heure elle était revenue d’elle-même ne sachant pas quoi faire ni où aller. À 25 ans c’était une tout autre histoire. Ce n’était pas une fugue, mais une fuite, un début de cavale, et elle trouverait le moyen de se débrouiller. Faire machine arrière était impossible. Elle trouva une destination. Seulement 18 euros le trajet, départ dans 15 minutes, et surtout une ville qu’elle ne connaissait pas. Et rien ne pouvait la relier à cette ville, ni famille, ni anciens amis ou travail, elle serait certainement plus difficile à repérer, et elle gagnerait du temps avant de trouver une issue à cette histoire. Elle s’installa au bout d’un wagon et se fit discrète. C’était parti pour deux heures de train. Elle avait retrouvé des couleurs et un souffle régulier. Elle reprenait son apparence de jolie jeune femme. Elle aurait aimé regarder son visage dans une glace mais dans la panique elle n’avait pas pensé à emporter son sac à main. Elle essayait de se voir dans le reflet de la vitre. Puis elle observait les paysages défiler. Elle ne pensait plus à rien, et faillit s’effondrer de fatigue. Elle était épuisée, elle voulut dormir, mais il était trop tôt pour baisser la garde. Elle n’était pas à l’abri dans ce train. Elle devait rester éveillée et aux aguets.