Henri Deflandre, jeune adolescent au lycée Condorcet, ambitionne de devenir écrivain.
Mais comment est-ce possible dans ce milieu littéraire très restreint du monde parisien de la fin du 19e siècle ? Parmi les nombreux auteurs même Marcel Proust peine à trouver un éditeur. Alors Henri ?
Patience, ‘Petit dauphin’, il te faudra rencontrer Jeanne de Hauteville, puis connaître Germaine et son kiosque à journaux, séjourner à la villa Bel-Ami à Trouville, combattre dans les tranchées du Nord de la France et surtout te constituer victime des folles intuitions d’un certain Felix Tallandier, aux Éditions Guyon-Marchal.

Extrait

Chapitre 3 : Le salon de Jeanne

Henri s’étant délesté de son chapeau et de son manteau ne put s’empêcher, juste avant son entrée au salon, de tenir encore ses vêtements sur lui afin de se maintenir une contenance et de pouvoir agiter ses mains autour d’un col ou d’une coiffe. Finalement la domestique lui tendit les bras avec un large sourire, il lâcha sa prise sans pour autant se détendre, il resta un moment figé à l’entrée du salon. Il se sentit mal à l’aise en apercevant des individus à l’apparence physique bien plus âgée que lui.
Madame de Hauteville, les yeux rivés sur le jeune homme entrant, se déplaça pour venir à sa rencontre. Henri pensa qu’il devait paraître niais, le corps tendu et le visage rougi par le froid du dehors, le tout suivi d’une chaleur subite largement diffusée par la cheminée. Il mesura l’inconnu de l’univers devant lequel il osait se présenter.
— Vous êtes Henri ? Charles, malheureusement, se sent souffrant et ne viendra pas ce soir. Bienvenue monsieur Deflandre. Voici notre NOUVEAU DAUPHIN ! s’exclama- t-elle d’une voix enjouée et charmante à la fois.
Elle fit un tour sur elle-même afin de bien s’assurer que toutes les personnes tournaient leurs regards vers eux. Quelques invités affichèrent un air surpris. En effet, cette expression semblait paradoxale chez Jeanne de Hauteville, elle qui n’était pas royaliste, cependant elle n’en était pas à sa première incohérence, ses paroles dissociées du fond de sa pensée procuraient souvent un petit effet à son entourage.