Le thème de ce livre est l’amour terrestre. Le mot ange est un symbole de l’élévation jusqu’au plus haut niveau du talent que chacun possède à la naissance ou après un travail assidu sur soi-même afin d’être capable d’avoir la capacité de formuler les questions élémentaires : qui suis-je ? d’où viens-je ? où vais-je ? ai-je quelque chose à transmettre à mes semblables ?
Dans les élégies qui composent ce recueil de poésie je n’ai pas voulu imiter les grands artistes, animés par l’existence des anges. Pourtant les images bibliques nous montrent les anges en train de souffler aux Évangélistes le savoir et la force de décrire l’au-delà, ou ils entrent en conversation avec les mortels selon Gitta Mallasz, ou ils dictent les Élégies de Duino à Rainer Maria Rilke.

Extrait
Silence de l’aube d’une cité antique : ton réveil.
L’offrande de ton visage.
De tes yeux tu effaceras l’enfance, comme une esclave.
Dans la ville au ciel béant, où dort encore la chair humaine,
des murs coupe-feu, des cheminées se dressent inachevés.
Foisonnement de cris d’oiseaux jaillissants ―
Je redoute que je ne voie plus jamais leurs ailes.
Saisons, rivières, arbres : je ne connais plus leurs vrais noms,
je les ai noyés dans le mutisme ou dans l’erreur.
Appelle-les par leurs propres noms comme les nouveau-nés !
Il ne te reste plus de temps : alors pars vers eux, va !
Car des villes entières suffoquent dans les nuages de poussière
qui s’étendent au-dessus des ruines,
roses piétinées se figent dans de la boue glacée,
chevaux, taureaux exterminés jonchent les routes.
Seule la joie pure de ta nudité,
et la douceur sautillante de tes seins,
baignés dans la lumière du soleil souffrant,
fleurissent et m’enchaînent :
elles emplissent le vide que nous avons découpé de l’espace.
Les monuments du temps sortent du néant,
et les rêves mérités nous enlacent.