J’ai imaginé une tranche de vie d’une famille de paysans de Saint-Sernin de Sanissac dans ce Haut-Languedoc connu depuis le moyen-âge sous le nom de « Pays de Cocagne ». Le roman se situe dans le contexte historique du milieu du XVIII siècle, nous sommes à la veille de la Révolution, et les idées nouvelles circulent très vite même dans les campagnes.
Le grand Papé a eu une vie mouvementée. Apprenti tisserand à Toulouse, il est enrôlé dans l’armée de Turenne et participe à la guerre de Hollande, blessé à la bataille de Sasbach, il doit, à pied, rentrer chez lui et traverser la France pendant deux ans.
Philosophe autodidacte il avait beaucoup appris avec son maître-tisserand, il a eu l’occasion de compléter son éducation au contact de tous les hommes qu’il a rencontrés.
La plupart des romans de cette époque se déroulent en milieu bourgeois, éventuellement ouvrier, rarement en milieu rural. La vie est rythmée par les saisons, les travaux des champs, les fêtes religieuses car Dieu est omniprésent. C’est peut-être son originalité.

Extrait

La mort me guette, elle ne me surprendra pas, je suis prêt depuis longtemps. Je sais qu’elle est inexorable, c’est le baron qui m’a appris ce mot que je ne connaissais pas.
Je n’aime pas que tu parles comme ça dit François qui ne pouvait se faire à l’idée que son grand – père devait disparaître.

– Le vieillard reprit, je n’ai pas peur de la mort. Pourtant plus elle approche et plus je prends goût à la vie. Plus encore qu’autrefois, je profite de tout ce qui m’entoure, de votre affection et de mille choses de la nature que je ne voyais que d’un œil distrait. Trop souvent nous traversons notre vie comme une illusion sans comprendre le sens des choses, sans en jouir pleinement.
La mort je le sais est une fin. Pourtant il ne faut pas être triste, je veux qu’elle me prenne heureux.

– La naissance, la vie, la mort, tel est notre destin. Mais après la mort ?
Mon cher petit, c’est une autre histoire. L’immortalité de l’âme c’est la parole du Christ
« Je suis la résurrection et la vie » C’est la réponse de Dieu à cette interrogation des hommes.

C’est une idée essentielle qui a permis à notre religion, et elle n’est pas la seule, de se justifier et de maintenir la puissance de l’église. C’est un pouvoir sur les grands de ce monde qui craignent de ne pas mériter le paradis et un moyen de consoler les plus défavorisés et ainsi de justifier l’ordre établi.