Charles Vérité est venu au Monde durant la première projection des frères Lumières à Paris en décembre 1895. Son destin restera intrinsèquement lié à celui du cinéma. Comme lui, il est né muet. Dans l’ombre, son silence ne l’empêchera pas de travailler avec les pionniers du 7ème art, d’influencer les artistes de son temps et d’être à l’origine de leurs chefs-d’œuvre projetés sur grand écran.

Des Buttes-Chaumont jusqu’à Hollywood, en passant par la Camargue et la Russie, son destin l’amènera aux quatre coins du Monde à l’avant-garde des trouvailles et des révolutions cinématographiques.

Tous les événements rapportés dans ce livre ont bien eu lieu et tous les personnages rencontrés par notre héros ont vraiment existé. Cette véracité historique à laquelle je tenais énormément permettra au lecteur de se projeter au cœur de ces temps de changements politiques, économiques, sociologiques et artistiques. Celui qui lira ces pages se retrouvera embarqué sur plusieurs continents, au beau milieu des deux guerres mondiales et au centre de multiples révolutions idéologiques et techniques.

Charles Vérité peut s’approcher d’un Forrest Gump lâché en pleine première moitié du vingtième siècle, inspiré par cet art nouveau de l’image en mouvement et l’inspirant à son tour, tout en restant anonyme dans les livres d’Histoire.

Extrait du livre

 Charles Vérité, un jeune homme de bonne famille, appartenant à cette bourgeoisie française qui voyait l’avenir avec un optimisme presque insolent, alla à la rencontre d’un de ses vieux amis du pensionnat. Il ne l’avait pas vu depuis bien trop longtemps selon lui. Il fit le trajet en train à destination de Lyon depuis Paris après avoir reçu une lettre passionnée de celui-ci expliquant que son frère et lui-même avaient inventé quelque chose qui transformerait à jamais la face du Monde. Le jeune parisien voyait le progrès technique comme une chose importante à suivre de très près. Et cette lettre éveilla sa curiosité. Il n’hésita pas une seconde et s’empressa de se joindre à ces événements dont il n’avait aucune idée.

    Une fois à Lyon, il se rendit au 21 rue Saint-Victor, au cœur du huitième arrondissement de la ville, dans le quartier de Monplaisir. L’usine du père de son ancien camarade se trouvait là. Celui-ci et son frère travaillaient pour lui. Aussi, bien que son ami fut le plus enthousiaste des deux, c’était plutôt son frère qui était le véritable inventeur. A à peine vingt ans, il avait déjà mis au point un nouveau type de plaques photographiques à base de gélatino-bromure dont le succès avait assuré la prospérité de l’entreprise familiale qui, elle-même avait été fondé par leur père, le patriarche Antoine. Leur patronyme remontait à l’un de leur ancêtre qui était veilleur de nuit et qui s’occupait d’éclairer le village en allumant les lampadaires au moyen d’une torche. C’est, en tout cas, ce qu’avait rapporté le jeune entrepreneur à son ami Charles, à l’époque de leur enfance. C’est la raison pour laquelle ils s’appelaient Lumière.

    Charles arriva donc aux usines Lumière et retrouva son copain de jeunesse Auguste occupé, en compagnie de son frère, à mettre en place une drôle de machine de l’autre côté de la rue, juste en face de la large porte coulissante qui était l’entrée même de l’entreprise familiale. Les deux frères étaient bien trop obsédés par leur invention pour lui prêter un minimum d’attention. Cependant, Auguste, qui était toujours d’une humeur sympathique et accueillante prit un peu sur son temps pour lui faire visiter les lieux.