Il aura fallu un drame pour aboutir ce tout premier livre, un accident de la vie, comme on dit un peu poétiquement parfois.

De mes cinq enfants nés entre 1992 et 1999, Laura est l’aînée.
Octobre 2016, c’est l’accident en effet, marquant brutalement la fin de 24 ans d’une vie aussi flamboyante qu’intense.

On dit qu’il faut cinq ans pour commencer à aller mieux après la perte d’un enfant. Heureusement je ne l’ai pas su de suite. Mon premier réflexe de survie fût d’écrire, sur un blog. Je découvris alors que le pouvoir thérapeutique de l’écriture va au-delà de soi. Une communauté émouvante de lecteurs me témoignait leur reconnaissance pour mes mots, ceux qu’ils n’arrivaient pas à dire eux-mêmes. Au bout d’un an, j’ai tari mes textes publics, mais j’ai continué d’écrire. Dire la réalité de cette vie d’après, dans ce qu’elle a de dur, mais également de révélateur, car la vie reste belle, et vous pousse à en retrouver la pulsion et les envies.
En 2021, j’ai voulu en finir définitivement avec la survie et vivre à nouveau, en grand, en technicolor, en presque impossible. Les rêves étaient revenus. Le projet de ce livre m’est apparu comme une évidence.
Je vous embarque dans un voyage au cœur des saisons, mes cinq saisons comme j’aimais à le dire. Tel le sablier que l’on retourne une fois écoulé, le temps reprend à la même saison l’année suivante, autant de fois ou presque qu’en contiennent cinq révolutions annuelles.
Ce livre s’adresse à tous, il parle de résilience, de voyages, de ma passion pour la photographie, et de tout ce qui donne du relief à nos vies, les liens familiaux en étant le pivot central.

Plus ce livre touchera son public, plus il sera porteur d’espoir là où ça compte réellement. En participant nombreux à la prévente, merci de devenir cette petite part de colibri si essentielle aux élans d’humanité.

Extrait

14 mars 2017 — Trois petits frères et une petite sœur

Je me souviens d’un certain Proust…
Au début, quand j’évoquais la reprise du boulot, je disais que mettre des madeleines en sachet m’irait bien, c’est tout ce que je me sentais capable de faire…
Cinq mois plus tard, je réalise que ma description avait du sens, un de ces sens révélateurs auquel on ne pense pas immédiatement.
Mettre des madeleines en sachet, c’est ce que je fais depuis sans relâche.
Ces madeleines évocatrices de souvenirs et de sensations, ces petits paquets de vie, ces gros morceaux d’elle, jusqu’à son anniversaire il y a douze jours.
Les retrouver, les trier, les assembler, les contempler, les sentir et me noyer dedans.
Puis elle a eu son jour des 25 ans, sans les avoir.
Et je me suis sentie glisser de l’autre côté d’un passage.
Comme ça, sans comprendre.
En humant toutes ces traces d’elle, j’ai aussi rencontré toutes les traces d’eux.
Eux, les vivants, les présents.
Ils étaient presque devenus des ombres, des silhouettes familières que je ne voyais plus qu’en monochrome, tellement son absence à elle brillait de mille couleurs aveuglantes.
Demain, on arrive à cinq mois, mais je vais parler d’eux au lieu de parler d’elle.
Trois petits frères et une petite sœur.
J’espère que vous savez tous les quatre que ce n’est pas parce que c’est elle que j’ai sombré dans ce chagrin fou.
J’espère que vous savez que ça serait arrivé à l’identique et avec la même intensité pour chacun de vous quatre.
L’Amour d’une mère ne se dilue pas avec le nombre ou les années, et aucun de vous n’a un statut de préféré. Je vous aime tous de la même intensité, pas de la même manière, mais de la même intensité.