La saga de l’Epingle est une histoire qui fera voyager le lecteur entre Limoges et Bayonne depuis la troisième République vers l’idéale sixième République. Dans ce premier tome « René », le lecteur vivra la vie de ces familles qui après un avant-guerre flamboyant d’espérance se verront plonger dans la désolation du conflit mondial et subiront les privations de l’après-guerre.

Une écriture avec très peu de description, permettant au lecteur de construire sa propre image des personnages et des lieux où se déroulent les différentes péripéties de cette saga.

Extrait

Après neuf mois passés à terminer ce conflit meurtrier, de nombreux engagés dans les forces françaises libres regagnent leurs pénates. Dans le train qui le ramène en Limousin, René, dans la force de ses trente ans, se sent prêt à affronter ce Nouveau Monde issu d’une guerre dont les conséquences vont bouleverser l’ordre établi. Ce wagon qui l’emmène vers une vie pleine d’espérance et de bonheur traverse des villes meurtries par les combats et les bombardements. Pour le moment, dans ce compartiment presque vide, il se remémore les principaux événements de l’avant-guerre et de l’occupation qui ont marqué lui et ses proches. Ce sont d’abord, les fastes du château des Labardière durant les années trente avec les chasses à courre qui attiraient toute la noblesse et la haute bourgeoisie du Limousin. Ensuite, il se souvient, des disputes politiques de ses beaux frères qui se terminaient à l’aube chacun campant sur ses positions. Il se remémore les parties de pêche qui donnaient lieu à des pesées épiques chacun trichant pour alourdir ses prises. Mais son esprit reste principalement envahi par les années vécues avec Marie et ses enfants.

Malheureusement, il revoit aussi défiler devant ses yeux : les années sous le joug des nazis avec leurs privations, les dissensions dans la famille de Labardière, le départ de Jacques vers le Maquis et l’engagement d’André dans la Milice, le miracle de Bernard sauvé au milieu de la fureur des armes. Tout cela est passé si vite et en même temps si lentement.

Comment va-t-il retrouver le château et les Labardière qui y vivent ? N’ont-ils pas été balayés ou tués lors d’affrontements ou de bombardements ? Que sont devenus son épouse chérie et ses enfants ? Il a bien reçu quelques lettres de Marie, mais elles datent et ne comportaient que des nouvelles de Joseph, Thérèse, Madeleine et Bernard. Marie ne lui disait presque rien sur ceux qui l’entouraient et leurs difficultés. Au printemps, un télégramme lui a annoncé le décès de Paul, son beau père dont il admirait la prestance après l’avoir redouté quand il était jeune homme venant demander la main de Marie. Que deviennent les autres châtelains ? Pierre a-t-il pu sauver la demeure ducale ? Qu’est devenu André après la libération ? A-t-il pu trouver un point de chute où il ne sera pas poursuivi ? A-t-il été trucidé lors de la fuite de la Milice ou déjà condamné à mort par un tribunal populaire et exécuté ?