Un volant, quatre roues, un tableau de bord, des sièges, une carrosserie, un pare-brise… des phares !

Quoi de plus banal au fond pour nous, citoyens d’un pays, habitants d’un continent où les routes sont si nombreuses. Qu’y a-t-il de plus commun qu’un véhicule automobile, maudite « chariotte » inventée en 1885, difficile à conduire pour les uns, objet fascinant pour les autres ? On distingue d’une part, ceux qui malgré leur aversion, les utilisent avec plus ou moins de réussite et de plaisir, par unique nécessité. D’autre part, ceux qui les achètent, sans même avoir envie ou besoin de les conduire. Cependant, pour ceux dont c’est le métier, ça n’est que du plaisir. J’évoque en effet, les femmes et les hommes qui les conçoivent, les dessinent, les fabriquent, les améliorent, les entretiennent, mais aussi les conduisent ou pour les plus chanceux, les pilotent par pure passion. Cependant, il faut bien l’admettre, le quotidien automobile est tout de même souvent synonyme de tension, de perte de temps.

Seulement voilà, dans Itinéraire Plein Phare, la route est totalement différente ! Les trajets en véhicule utilitaire, en autocar ou en confortable limousine, deviennent des aventures emplies de passion, de découvertes, d’émotion, de cascades, de rires et de joies, de colère, de tristesse, d’amour, au cœur de multiples rencontres.

Dans cet ouvrage, à travers son autobiographie, l’auteur nous transporte, nous fait voyager sur plusieurs décennies. Il nous décrit avec moult détails, l’évolution de la société au travers de son pare-brise.

« Idéalement nous sommes ce que nous pensons être. Dans la réalité nous sommes ce que nous accomplissons. » Ayrton Senna, pilote automobile (1960-1994).

Itinéraire Plein Phare d’Emmanuel Balthazar

PRÉAMBULE

 » Le 26 mai 2020 à 10h30, alors que nous venions, quelques jours auparavant, de sortir de la longue période de plus de deux mois de confinement liée au Covid-19, je n’imaginais pas à quel point ce virus venu d’aussi loin finirait par me toucher à mon tour. Je venais d’apprendre, comme d’autres futurs chômeurs possiblement plus nombreux que les victimes de cette pandémie, que mon poste de chauffeur de direction allait disparaître pour des raisons économiques. Le groupe audiovisuel pour lequel je conduisais le président fondateur, que je pensais indestructible trois ans plus tôt, avait perdu près de 85% de ses recettes publicitaires en seulement deux mois, depuis la mi-mars et le début de la crise sanitaire.

Chose apparemment rare dans ce cas précis, plutôt que de charger la DRH de cette pénible mission, mon patron me reçut personnellement dans son bureau pour m’annoncer la nouvelle. Il y avait déjà eu plus que des rumeurs au sujet de la mauvaise passe que traversait le groupe, mais à ce stade, j’étais à mille lieues de m’attendre à ce qu’il allait me dire. Nous ne nous étions pas revus depuis le lundi 15 mars, début du confinement, et c’est avec cette bienveillance connue de tout son entourage proche qu’il entama l’entrevue. Son visage était grave et se tendit peu à peu car, alors qu’il venait de me dire que j’étais le meilleur chauffeur qu’il n’ait jamais eu, m’annoncer qu’à cause de cette décision j’allais en quelque sorte définitivement sortir de la route ne fut visiblement pas facile pour lui. Quant à moi, à l’écoute de ses paroles, je ne contrôlais plus rien. J’essayai en vain de le faire changer de décision. Ce fut un peu comme lorsque la casse d’un élément mécanique essentiel de votre voiture se produit évidemment un jour de pluie, entre deux aires d’autoroutes, que l’on essaye inutilement d’aller encore un peu plus loin et que l’on comprend très vite que l’on n’y arrivera jamais.

Au-delà de cette bien triste nouvelle que j’allais devoir annoncer à ma femme, ma fille et mes proches, j’ai réalisé que mon métier était sans nul doute en voie de disparition, du moins en phase d’une prévisible extinction.

Le 5 septembre 2020, cela fera 30 ans que je suis chauffeur de direction. C’est ainsi que j’ai suivi la logique évolution des habitudes et des mœurs en matière de transport, certes liée à l’écologie, mais aussi à la mutation des métiers de ceux qui, comme moi, aiment vraiment la conduite.
Je vais donc tenter au travers des pages qui suivent, de rendre hommage à ce noble métier de chauffeur, ma passion ! Je vais évoquer pour vous la route de ma vie, ce que j’aime faire et tout cet itinéraire particulièrement riche en matière de rencontre, d’anecdotes retenues au fil des kilomètres, mais aussi, quels itinéraires le conducteur que j’étais a dû emprunter, pour devenir le chauffeur que je suis aujourd’hui…

Bienvenue à bord!  »