Il y a des fleurs qui poussent dans le sable
de Manon Farama
A tout juste vingt ans, je perds ma mère d’une tumeur au cerveau. Notre famille s’écroule, perd son repère et s’endort avec elle. Dès lors, comment continuer à vivre ? Était-ce même possible ? Comment s’y autoriser ? Je me pensais condamnée à ne vivre que pour les miens, sans une réelle existence singulière, profondément morte de l’intérieur. Seulement, l’amour a frappé à ma porte sous sa forme la plus inattendue. Un homme, vingt ans mon aîné, m’a entraîné dans une histoire des plus compliquées. Pourtant, il m’a redonné goût à la vie. Et là, où la mort vient m’arracher cette présence unique et me plonger dans une tristesse infinie, cet amour en fait naître un deuxième : ma fille, Charlie.
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Peut-on aimer après la mort d’un être cher ? De sa mère ?
C’est la question que j’avais arrêté de me poser depuis longtemps, étant persuadée de connaître la réponse. Le deuil avait bouleversé les membres de ma famille et notre quotidien. Je survivais pour m’occuper des miens. Trop lâche pour partir à mon tour. L’amour d’un homme est venu remettre en question mes certitudes, me donnant l’espoir qu’il pouvait y avoir une vie, après sa mort.
A travers mon histoire personnelle, mes doutes et mes questionnements, cette œuvre balaye des sujets universels : comment se reconstruire après un deuil, quelle est la capacité du cœur à aimer à nouveau, comment devenir mère sans avoir la sienne à ses côtés. Ce récit explore les profondeurs du deuil et la complexité de l’amour après la perte.
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Extrait d’ Il y a des fleurs qui poussent dans le sable de Manon Farama
05 mai 2014
Glioblastome de stade IV.
Le verdict tombe mais les mots n’ont pas instantanément l’effet qu’ils devraient. Pour cela il faut attendre l’explication de l’interne. Avec du recul je crois que c’est à ce moment-là que j’ai commencé à appréhender et me méfier du corps médical. Je me rappelle avec précision des propos de cette jeune médecin mais aucunement de son visage. C’est drôle n’est-ce pas, ces paroles que le cerveau peut ancrer dans notre mémoire pour faire abstraction de choses plus physiques.
– Vous avez une tumeur au cerveau. Sa localisation ne permet pas l’opération. Elle en est à l’avant-dernier stade, l’un des plus graves. Nous allons vous faire de la chimiothérapie et des rayons mais on ne pourra pas vous sauver.
Je me tiens à l’extérieur de la chambre quand ces propos tombent et m’écroule dans le couloir. J’ignorais jusqu’alors ce que signifiait l’expression vomir ses tripes. J’en fis littéralement l’expérience à cet instant. Une sensation de vertige s’empara de moi et mes jambes se dérobèrent. Après le choc de l’annonce et les larmes, vint la colère. Comment pouvait-elle parler ainsi ? Comment pouvait-elle annoncer ainsi à ma mère que le combat qu’elle s’apprêtait à mener était perdu d’avance ? Ne leur apprenions nous pas dans leur bac + 18 de médecine à échanger avec des êtres humains ? Les faits médicaux primaient-ils sur l’humanité et l’espoir ?
Quoiqu’il en soit l’épée de Damoclès était tombée. Il s’agissait là d’une question de temps. Qu’importe. L’espoir fait vivre et nous avons espéré. Avec force et ferveur.
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Les étapes de création
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