« Ici-bas, sur Terre » traite de sujets sensibles et actuels qui me tiennent à cœur. Il traite de la religion prise en otage par des hérétiques, de violences sexuelles sur des mineurs, des séquelles psychologiques qui en découlent, du combat et de l’énergie constants à déployer pour dépasser, surmonter le traumatisme. Il traite également des rapports mère-fille qui ont un impact dans le processus de réparation, et ce bien avant que le traumatisme ait lieu. Son originalité tient au style que j’ai voulu sans description, puis vif et percutant, presque brutal dans sa sincérité et au rythme prenant. Ce livre ne fait pas le procès de l’Eglise catholique, loin de là. Il permet au contraire de faire la différence entre les « vrais chrétiens », ceux dont le cœur est constant, sincère et pur et ces autres qui se cachent lâchement derrière cette image pour commettre leurs crimes. J’ai besoin de vous pour faire passer ce message.

Extrait

Nous sommes dans la pénombre, alignées en rang et attendons. Quoi exactement ? Nous l’ignorons sur le moment. Morgane me serre la main depuis un moment. Sa peau est glacée et me donne des frissons. Ses ongles me coupent les chairs et une goutte de sang perle depuis un moment, attendant son sort comme on attend la potence. Il fait noir et il y a dans l’atmosphère quelque chose de tangible, une épaisse couche de poussière et des statues de pierre immobiles. Il n’y a rien de grandiose. Le vide est le maître des lieux et son associé, la peur, comble ce désert de désolation. De ce lieu, le seul habitant est notre terreur en suspens au-dessus de nos têtes.
-Judith…
La voix de Morgane est un murmure. Elle ne veut pas parler trop fort. Ils sont pourtant loin de nous, logés à plusieurs pièces de là. Mais la peur dicte sa voix et lui chuchote la prudence. Elle me parle sur un ton trop bas et je ne l’entends pas. Elle craint trop l’écoute de Dieu pour parler plus fort.
-Je n’entends pas.
Je l’oblige à répéter.
-Judith, que font-ils ? Pourquoi ne viennent-ils pas ? J’ai faim.

Une porte claque soudain et laisse entrer un cortège fait de toges noires et d’austérité. Il s’aligne face à nous.
-Silence.

Ils réclament au silence de bien vouloir se taire. Cette ineptie ne m’étonne pas. Ils invoquent bien Dieu dans leurs prières, puis font l’éloge de son omniscience et entre deux crimes le considèrent visiblement comme un aveugle. Je sais bien de quoi je parle, la folie me fréquente déjà avec assiduité et mon sens de l’analyse s’adapte à sa propre logique. Une soutane de laine noire longe notre rangée et attend de faire son choix. Elle va et vient avec lenteur, ses pas soulèvent un autre voile de poussière et j’éternue.

Elle se tourne alors vers moi et avance puis s’immobilise à un centimètre de mon visage. Son regard sévère me dicte un sermon du genre « dans la maison de Dieu, le commun des mortels n’éternue pas ». Elle a fait son choix et tend un index sur moi.