Depuis toujours nous avons conscience d’une réalité ordinaire mais rarement d’une réalité non ordinaire.
Parfois dans la vérité se cachent d’autres vérités et parfois dans la matière se cache une autre matière. Que l’on nommera : l’âme à tiers, soit 1/3 d’âme et donc 2/3 d’autre chose. C’est cette autre chose que nous allons tenter de découvrir tout au long de ces deux histoires.

Comprendre ce qui a pu amener un vieux forgeron à transmuter du plomb en or, et ce qui poussa jadis un marchand de biens à voler la fortune d’un armateur Nantais. Le tout sous le regard attentif du père de l’alchimie : Thot.
L’une vous bercera dans un monde enchanté où la fiction rejoint la réalité. Quant à l’autre, elle vous fera traverser le temps en compagnie d’une famille pas si innocente que cela.

Offrez-vous ce voyage, celui que l’on fait de chez soi, assis confortablement, un livre à la main. Les mots souvent nous transportent, et parfois sans le savoir, ils transmutent aussi ceux qui les lisent.

Extraits

L’odeur des pommes :

« Ma décision de descendre à la cave était prise depuis longtemps. Je dévalais les escaliers qui y menaient et tournait la grosse clé en fer forgé. La porte accueillante s’ouvrit du premier coup et l’ampoule diffusa une pâle lumière sur le plafond voûté. Je n’étais plus descendu seul dans ce lieu depuis ce fameux jour avec mon père. Une certaine excitation me gagna et les souvenirs de la marque sur le mur se mêlèrent aux souvenirs olfactifs des pommes du mois de septembre. Mon regard courut sur tout le pan de mur, le salpêtre le recouvrait presque entièrement et cachait le sceau familial. Je tâtonnais avec ma main droite, détachant la poudre blanche qui se mêlait aux champignons et à la moisissure.
Soudainement, je sentis sous un doigt une petite aspérité. J’appuyais de toutes mes forces à cet endroit et le bruit d’un mécanisme se fit entendre. Un petit nuage de poussière s’éleva, troublant la faible luminosité du lieu et le bruit d’acier rouillé déchira le calme centenaire de ce sous-sol humide. C’est alors que le coffre de pierre qui renfermait le trésor de la famille, laissa entrevoir à mes yeux ébahis, plusieurs pièces d’or et pierres précieuses scintillantes de tout leur éclat ».

L’âge de Pie :

« C’étaient cela, les premiers enseignements du forgeron, respecter la matière afin que la lumière ouvre son cœur. Il aura fallu quelques années d’initiation avant que Léa n’en comprenne toutes les subtilités. Maitriser la force du feu et ses sourires, fondre la matière plusieurs fois dans le respect des alliages, lui faire prendre un nouveau corps et marteler son âme pour qu’elle résonne de sa note la plus juste, puis comprendre ses cris pour la libérer enfin dans sa nouvelle vie. Les alchimistes nomment toutes ces étapes : le Grand Œuvre.
Léa en était consciente, elle savait que son père avait été initié durant de longues années par de grands sages, il faisait partie de ces rares apprentis à avoir trouvé le Graal. Elle le savait, elle n’était pas la seule, les deux militaires nazis qui s’étaient présentés à la forge un soir d’automne le savaient aussi ».