Que sont devenus nos rêves d’enfance et d’adolescence ? Mon personnage principal est médecin et ressent le besoin impératif de se confronter aux siens. Il a toujours eu très envie de s’installer sur les lointaines îles sauvages et inhospitalières des Terres Australes Antarctiques Françaises, dont les fameuses Kerguelen.
Pour cela il délaisse son épouse et ses deux enfants, sa patientèle, pour s’engager comme médecin de bord sur le « Marion-Dufresne », le navire reliant ces îles perdues et battues par les vents du sud de l’océan Indien.
Ce personnage se confronte à ses missions et à ses espérances. Il débarque sur ces îles magnifiées qu’il découvre enfin, à leur monde si particulier qui va le subjuguer et l’amener par la suite à faire un étrange et surprenant rêve îlien.

Extrait

Lorsque Jonathan-Lemuel Gull monta sur la passerelle du Marion-Dufresne, le navire assurant les liaisons entre les Terres Australes Antarctiques Françaises (T.A.A.F.), il sourit en pensant qu’il réalisait enfin un de ses rêves d’enfance : aller inspecter et explorer ces îles perdues au sud de l’océan Indien. Leurs noms résonnaient dans sa tête : l’archipel Crozet, l’archipel des Kerguelen, l’île Saint-Paul et l’île Amsterdam. Ces sonorités magiques créaient immédiatement dans son esprit des projets ambitieux d’installations îliennes, aussi irréalistes que les nombreux rêves échafaudés de toutes parts à leurs égards. Il pensa avec émotion à ces navigateurs du 18ème siècle, dont la quête fut la découverte de l’hypothétique continent Austral, qui l’avait lui aussi fait beaucoup fantasmer, enfant puis adolescent. Ce supposé continent Austral se révéla être un mythe, qui emporta les espoirs et les rêves de nombreux navigateurs.
…

Jonathan-Lemuel Gull ouvrit les paupières et se souvint immédiatement des péripéties de son naufrage. Un sentiment de soulagement l’envahit. Il allait arpenter cette île providentielle, dans l’attente d’y rencontrer un premier autochtone et comprendre où il venait de poser les pieds.
Il entendit des rires enfantins tout autour de lui. Il chercha à se relever mais constata que l’ensemble de son corps était maintenu sévèrement par un amas de filets de pêche bien tendus. Leur odeur forte l’indisposa, ils avaient dû passer plusieurs années à stagner dans l’océan. Ses cheveux enserrés dans les mailles l’empêchèrent de relever la tête et de découvrir ces enfants qui pouffèrent de rire en criant :

– Hekinah Degul ! Hekinah Degul ! Hekinah Degul !