Ce livre raconte un moment de vie personnelle où suite à une séparation, j’ai perdu la garde de ma fille. Dans ce récit, je me mets à nu sans la moindre once de maquillage. J’ai, au début de l’écrit, employé le « je » narrant à cœur ouvert la période la plus difficile de mon existence. Très rapidement, je me suis retrouvé confronté à la difficulté d’écrire à la première personne du singulier.  L’absence de recul nécessaire pour ma part mettait à fleur de peau mes émotions. La création d’un personnage m’a apporté la dissociation utile pour l’aboutissement de ce projet.

Ce livre parle d’un sujet malheureusement encore et toujours d’actualité. Face à mon sentiment d’impuissance et l’abandon des autorités compétentes, j’avais à cœur d’écrire sur ce sujet tabou pour libérer la parole des pères trop souvent oubliés. Écrire ce livre fut un exutoire. Un moyen thérapeutique de me libérer de la colère et de l’incompréhension dans laquelle je me trouvais. J’espère qu’il apportera aux pères traversants des épreuves similaires le soutien indispensable pour garder la tête hors de l’eau. D’ailleurs, je remercie mon épouse, ma famille et mes amis pour leur indéfectible soutien.

Extrait

La voiture récupérée, ils se rendirent avec Clara chez l’opticien. Elle avait besoin de lunettes. Durant les essayages, Jeanne en profita pour aller acheter deux bouteilles de vin, car le soir même, ils étaient conviés chez des amis. L’opticien se trouvant dans la galerie marchande d’un hypermarché, Jérôme resta avec Clara scrutant chacune des paires de lunettes proposées par l’opticienne. Après de longues hésitations, elle fit finalement son choix. L’apparence, à son âge, avait depuis peu pris une importance capitale et il lui était inenvisageable de sortir à l’extérieur sans de multiples vérifications de son style. D’ici qu’une mèche rebelle ou une faute de goût vienne mettre à mal son temps imparti dans la salle de bain. Elle opta pour une paire ronde et une autre carrée. Deux styles bien différents à porter selon son humeur et les deux lui allaient à merveille. Jérôme commença à remplir la paperasse avec l’opticienne lorsque son téléphone sonna. Il était 15h09. C’était un message d’Aurélie. À sa lecture, il se liquéfia. Son visage se transforma prenant un teint livide tel celui d’un fantôme. L’opticienne assise en face de lui continuait à parler, mais les mots n’arrivaient plus à ses oreilles. Clara testait encore et encore devant un miroir les deux paires de lunettes qu’elle avait sélectionnées. Le monde semblait s’être subitement arrêté autour de lui. N’en croyant pas ses yeux, il relut le message. C’était bien ce qu’il avait lu. Pas de doutes là-dessus.

« Au vu des propos sexuellement inquiétants de Julie envers toi et ton entourage, dorénavant elle restera avec moi jusqu’à ce que la situation s’éclaircisse ».

Tel un zombie, il regarda en direction de la ligne de caisses et aperçut Jeanne lui faisant un grand sourire. Apparemment, la vie suivait son cours pour tout le monde sauf pour lui. Un couple de personnes âgées cherchait frénétiquement son chéquier dans le sac à main de madame tandis que la caissière s’impatientait au vu de l’attente grandissante à sa caisse. Sans ménagement, elle prit l’initiative de le trouver elle-même. Quant aux vigiles, ils faisaient des allers-retours inspectant méticuleusement tout client à l’air suspect. Au milieu de la galerie marchande, des bénévoles de la croix rouge halaient les clients dans le but d’obtenir quelques vivres pour les plus miséreux. Leurs bourses s’emplissaient faiblement.