Ce roman est le troisième que j’ai écrit. Après une romance et un thriller psychologique, j’ai choisi d’aborder un sujet social qui me tient à cœur ainsi que l’addiction que j’ai connu personnellement. Ces sujets me sont proches pourtant « Avec le manque » reste une fiction. J’y ai mis énormément de mes expériences pour construire Estelle, mon personnage principale.

Il est possible de consulter les avis sur mes deux livres précédents. Le deuxième a vraiment beaucoup plu, les critiques multiples en témoignent. Le Covid a mis un frein à mes projets littéraires mais maintenant j’ai l’envie de reprendre mon envol dans ce domaine. Mon nouveau roman, justement, a pour thème les difficultés financières de la classe moyenne. J’ai voulu montrer comment celle-ci est chahutée par l’attrait de la consommation et les appels de l’inflation et des taxes. Mon héroïne, Estelle est de plus piégée dans la spirale infernale de l’addiction. Pour combler son manque, elle se met en danger. Va-t-elle trouver les clefs pour s’en sortir ? Ces sujets semblent très sombres mais je saupoudre les affres d’Estelle de traits d’humour voire d’ironie. Quant à l’écriture elle-même, vous pourrez voir dans les avis que le style est mon point fort !

extrait

Cahier d’Estelle 26

L’argent filait, mais pas vraiment droit. En amont, à la source, les salaires ; et ensuite, le quotidien grignotait tout. Les affluents charriaient dans les escarcelles avides un liquide juteux, mais fragile, dépendant du climat ambiant. D’abord les charges, comme tout le monde, les dépenses alimentaires, comme tout le monde. Et les aléas du jeu, pas comme tout le monde. Et la belle-mère de plus en plus pressante auprès du portefeuille de son fils et de moins en moins présente auprès de Bessie. Vers le 10 du mois, on se retrouvait donc errant dans une morne plaine. Parfois, une pluie torrentielle aspergeait le compte. Un important gain au casino nous laissait respirer un peu. Mais c’était de plus en plus rare à croire que les propriétaires du casino conspiraient pour nous tirer encore plus vers le bas. Ils étaient certainement au courant de nos déboires financiers et nous pressaient comme des citrons ! La parano refluait énormément dans les moments de déveine. Les caisses se vidaient. Les apports ne comblaient pas les excès : lamentable spectacle , intermittences assassines… Sébastien achetait ses jeux en fonction de nos revenus. Il était toujours avec son ami Edgar.
– Tu sais Estelle, il joue au poker en ligne et il se fait un max de thune.
– Attention, Seb, ne le suis pas sur cette voie !
– Bah, je ne suis pas con quand même ! Mais vu que je sais que toi et papa, vous allez au casino, t’es quand même sacrément mal placée pour donner des conseils !
– Si, justement ! Je vois bien que ça ne marche pas.
– Pourquoi tu n’arrêtes pas alors ?
– Parce qu’on est piégés, si tu veux tout savoir. C’est comme une drogue.
Je n’en revenais pas d’avoir sorti cette phrase ! Je venais de formuler une vérité toute bête. Une prise de conscience latente explosait devant ce gamin.