Comme l’indique son titre, ce livre brosse un tableau succinct des principales populations implantées sur nos terres ou qui les ont fortement imprégnées avant la colonisation romaine, tant il est vrai que les « Gaulois » du roman national scolaire ne sont pas « nos ancêtres » … Nous sommes bien plus redevables aux Grecs, Ligures, Etrusques, Carthaginois, Ibères, Aquitains, Tectosages… Autant de peuples issus des bouleversements sociaux, économiques, politiques qui ont agité les sociétés humaines depuis des temps immémoriaux, au bord de cette Méditerranée qui fut le « nombril » du commerce international et des relations entre les peuples depuis la Protohistoire.

Carte des principaux peuples de la Protohistoire implantés sur les terres occitanes
avant l’arrivée des Romains

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Extrait

L’héritage grec

Chaque peuple qui rendit « visite » à nos régions nous légua une partie de nos connaissances actuelles. Aux Grecs nous devons l’invention du phare et des cultures en terrasses, l’introduction de la vigne et de l’olivier, la construction des villes au plan en damier, la diffusion de la monnaie et du parchemin. Ils nous ont montré comment épanouir l’intelligence de l’homme et comment cultiver les qualités physiques, comment la science est avant tout recherche de la vérité. Ils nous ont transmis la philosophie, le théâtre avec la comédie et la tragédie, de nouvelles formes de poésie, l’histoire et la géographie, un art et une architecture, une mythologie si souvent présente dans notre littérature.

Mais l’héritage des Grecs est surtout politique. Ils ont bien défini les différentes formes de gouvernement : la tyrannie comme gouvernement d’un usurpateur ; l’aristocratie comme gouvernement des « meilleurs » ; et la démocratie comme gouvernement du peuple. C’est la démocratie athénienne qui a permis le développement de l’art politique, oratoire et judiciaire.

La « diaspora » hellénique autour du Bassin méditerranéen (dont la venue des Phocéens sur les côtes occidentales) fut un événement considérable pour l’Occitanie et aussi pour l’Europe héritière aujourd’hui de la civilisation grecque. Au premier siècle de notre ère et de l’empire romain, n’utilisait on pas encore le grec dans les échanges commerciaux entre l’ensemble de la Narbonnaise (dont Palladia Tolosa) et Athènes qui était alors administrée par le Toulousain Quintus Trebellius Rufus ?

Les caractères essentiels de la civilisation occitane du Moyen Âge ne sont-ils pas un emprunt aux grands principes de la Grèce antique ? Comme celle-ci, l’Occitanie n’a jamais été un Etat centralisé, mais une communauté de langue et de culture sans frontières étatiques. Et l’Europe, qui se construit si difficilement aujourd’hui après plusieurs siècles d’obscurantisme des Etats dominés par la religion du dieu Mars, saura-t-elle puiser dans l’Histoire les valeurs qui permettront aux peuples du « vieux continent » de dépasser la simple Europe des marchands sans culture ?

Oppidum protohistorique de Nages (Gard)