Cet ouvrage porte sur les aspects non-matériels de la Belt and Road Initiative (BRI), un projet international porté par la Chine. Partant du constat de la profusion des travaux académiques portant sur les aspects économiques, financiers, commerciaux et d’infrastructure de la Belt and Road Initiative, l’œuvre interroge les facteurs immatériels qui ont favorisé son essor international. Telles qu’elles se révèlent au grand jour, les composantes de la Belt and Road Initiative sont à la fois plurielles et complémentaires, s’imbriquant pour accompagner les nouvelles ambitions internationales de la diplomatie chinoise. Bien que des facteurs économiques et des considérations géostratégiques aient influencé cette initiative, cette œuvre démontre que ses composantes internes, telles que son socle philosophique et culturel, ses bases normatives et sa rhétorique de séduction, ont un impact majeur sur la pérennité de ce projet international. Le fait d’appréhender la BRI sous différents aspects permet de proposer une nouvelle lecture de l’hégémonie gramscienne et d’inviter les chercheurs à dégager de nouveaux axes de réflexion sur la politique de Beijing en Afrique.

Extrait

La « Belt and Road Initiative » (BRI) est une vaste initiative décrite comme ayant l’objectif de recentrer la Chine sur la scène mondiale comme partenaire majeur dans les relations économiques, politiques, culturelles et militaires internationales (Nobis, 2018 ; Tenenbaum, 2019). À cette fin, la BRI cherche à mettre en place une intégration économique renforcée de la Chine avec ses voisins, mais également avec la plupart de ses partenaires internationaux. Cette volonté d’intégration, d’abord centrée sur l’Asie (Lemoine, 2007), s’est étendue aux continents européens et africains. Elle repose sur l’installation, l’entretien et l’utilisation d’infrastructures terrestres, maritimes et financières englobant des réseaux de ports, de chemins de fer, de routes, de pipelines et d’entreprises d’exploitation agricole, minière ou encore de construction (Vaudelin, 2016). Deux sous-projets physiques ont été annoncés en 2013 dans le cadre de cette initiative internationale. Le premier vise à mettre en place une route commerciale terrestre, la « Silk Road Economic Belt », calquée sur l’antique route commerciale de la Soie qui reliait la Chine à l’Europe. Le second vise à mettre en place une route commerciale maritime, la « XXIst Century Maritime Silk Road » traversant la Mer de Chine, l’Océan Indien et longeant les côtes africaines dans l’objectif de relier la Chine à l’Europe et à l’Afrique en passant par un réseau de ports (Astarita et Damiani, 2016).