Quentin Lhermès signe ici le premier opus de trois ouvrages militants à paraître et nous offre un roman philosophique porté par une écriture inédite. Loin de nous offrir un joyau flamboyant pour satisfaire notre faim égoïste de lecteur, il nous propose au contraire un murmure littéraire, la parole innocente d’une enfant « prodigieuse » afin d’exercer notre oreille à percevoir au fil des pages le mal-être, la honte bien réelle qu’elle ne cesse de dissimuler derrière une prose bavarde.
Et l’auteur réussit ici le tour de force de nous rendre complices une fois le livre refermé. Nous voilà emportés par son charisme si peu académique, décidés à faire entendre la voix sourde d’Adélitah’Blues, prêts à participer de manière résolue mais discrète à sa publication.

« Je veux pouvoir…
Aujourd’hui, le professeur de français nous a donné des idées pour écrire un carnet de voyage imaginaire. Il a dit que c’était très important d’ouvrir dans notre esprit une porte sur le chemin de nos rêves et j’ai trouvé l’expression très belle. Elle m’a donné l’envie de commencer ce carnet fabuleux juste pour voir où il me conduira. Ce sera un récit à mi-chemin entre le journal intime et le carnet de voyage puisque je vais y raconter tout simplement la vie qui est la mienne depuis que deux grandes personnes un peu déraisonnables ont décidé de m’offrir un voyage dans un pays merveilleux, mais qui m’apparaît chaque jour un peu plus vaste. Et je ne voudrais pas qu’elles finissent par s’y égarer et m’y égarer par conséquent bien malgré elles car les grandes personnes n’ont pas toujours un sens de l’orientation bien adapté à la dimension de leurs rêves. Alors je crois que ce carnet me sera bien utile pour me repérer et éviter que ma vie ne se transforme un jour en cauchemar. Ce doit être terrible de se sentir complètement perdue et je n’ai pas envie de mourir de peur au pays des merveilles. Je veux pouvoir y suivre au contraire le chemin de mes rêves jusqu’à la case “Ciel” où je sauterai à pieds joints comme au jeu de la marelle ! »   Adélitah