Entretien avec Thierry Puentes auteur de Et le lys refleurira

Entretien avec Thierry Puentes auteur de Et le lys refleurira

Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?

Je n’imaginai pas être publié un jour, l’acceptation de mon écrit par le comité de lecture de Maïa fut ma première immense joie. J’ai ensuite vécu une période existante, toutes les heures, je ne pouvais m’empêcher de regarder l’évolution des précommandes. Le challenge m’apportait le grain de folie qui me manquait dans ma nouvelle vie de jeune retraité. Je pense, sincèrement, que pour les auteurs amateurs comme moi, le financement de la création d’un roman grâce à la contribution d’amis ou de connaissances est tout bonnement une chance énorme et surtout une rare opportunité d’être édité sans supporter seul les frais. Les quelques jours avant la parution, je bouillais d’impatience, et lors de la sortie officielle, une immense fierté et un bonheur simple, mais beau m’ont étreint. J’ai ressenti l’admiration sans bornes de mes proches et de mes amis à la nouvelle de la parution de mon roman. J’ai également recherché sur internet tous les libraires qui présentaient mon livre dans leur catalogue. Plaisir, fierté, joie sont les maîtres mots du moment extraordinaire de la publication. Mais rapidement, une angoisse se fit de plus en plus oppressante, comment mes contributeurs allaient-ils recevoir mon œuvre? Une pression énorme m’étreignit en attente de leurs premiers retours. Je craignais de les décevoir, ils avaient contribué à la création de mon ouvrage par amitié, mais sans savoir si le style allait leur plaire, un blanc-seing en quelque sorte.

Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?

J’ai reçu beaucoup de retours spontanés comme sollicités, un avis très positif s’en dégageait : une histoire originale, une belle écriture, des personnages attachants et bien fouillés, un récit plein de mystère écrit par un érudit, un texte fluide. Des conseils également : attention trop de mots à chercher dans le dictionnaire. La crainte de décevoir mes contributeurs qui avait acheté mon roman par amitié me quitta rapidement, grâce aux retours positifs qui chassèrent mes légitimes doutes. La conséquence de ces retours élogieux, c’est traduit par 80 % des contributeurs du premier tome qui ont renouvelé leur confiance en précommandant le deuxième tome. Une grande fierté et un immense plaisir, car les 2 tomes ont dépassé les150 % de l’objectif.

Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?

La validation de mon roman par le comité de lecture a changé «l’écrivain du dimanche» en auteur, toujours amateur, mais impliqué. Je considère depuis mon travail d’écriture avec le sérieux et le respect que je dois à mes futurs lecteurs, et avec l’envie de toucher le plus grand nombre de personnes possibles. J’ai pris le soin de consulter des sources vérifiées, pour écrire les passages historiques, religieux, archéologiques et scientifiques. Un travail de recherches que je n’aurais pas mené aussi pleinement sans la publication de mes romans. Et, bien sûr de nombreuses relectures avec des coupes et des réécritures lorsque la nécessité se faisait sentir. 

Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?

J’ai accouché d’un roman d’anticipation qui marie avec bonheur la vénérable histoire de France avec une science encore balbutiante issue des propriétés infinies de la physique quantique. Ce récit se lit comme un roman d’aventures plein de mystère et de rebondissements, où un ordre royaliste énigmatique tente de redonner l’espoir à une civilisation en déclin. Je me suis ingénié à créer des personnages attachants et d’autres, odieux, sans tomber dans un manichéisme de bas étage. Chaque personnage détient au fond de lui une part d’ombre et de secrets. J’ai souhaité, et je pense y avoir réussi partiellement, à ce que mes lecteurs et lectrices s’identifient aux protagonistes de mon roman, dans l’humour comme dans le drame. J’ambitionnais de faire redécouvrir un passé rejeté et souvent oublié en emportant mes lecteurs et lectrices sur les chemins de contrées mystérieuses et mythiques. Je me suis efforcé de rendre abordable et ludique la partie plus technique, mais indispensable à l’histoire, des merveilleuses propriétés de la mécanique quantique. Je crois, sans trop d’arrogance de ma part, avoir réussi mon coup d’essai, car le tome 2, qui vient de sortir ces jours-ci, était attendu par de nombreux lecteurs. Les retours élogieux m’ont conforté sur la compréhension de la trame qui s’esquisse dans le premier tome. Je reste humble (la diffusion reste modeste), mais confiant pour la suite.

Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?

J’ai, toujours depuis mon plus jeune âge, aimé lire. Moi, le jeune garçon dyslexique, grâce à cette passion, j’ai réussi à sortir de mon isolement et à mener une carrière honorable. La tête farcie de roman d’aventures, je me suis forgé au fil des ans un univers bien à moi. Passionné d’histoire de France et d’anticipation, une idée de roman a germé dans ma tête, mais que j’ai dû laisser mûrir plus de 15 ans. Pour écrire un roman, il faut y consacrer du temps et de l’amour, mais mon activité d’alors ne me laissait guère ce loisir. Puis, la retraite étendit ses doux bras apaisants sur moi et je décidai, sans attendre, de me lancer dans le grand bain. Voilà comment je procède : je commence par écrire en quelques lignes la trame et les personnages de l’histoire. Je dote, ensuite, les protagonistes du récit d’une identité, d’un caractère et d’un physique, qui me semblent indispensables pour structurer la fiction. C’est de mon avis le plus difficile à trousser, le caractère des personnages forge le récit, sans héros et antihéros forts le récit manque de fond. Puis, vient l’écriture des titres des chapitres, toujours dans le but de structurer l’histoire. Puis, enfin, lorsque le canevas est terminé, je me lance dans la rédaction du roman en lui-même. J’écris deux à trois pages par jours et lorsque le chapitre est terminé, je le relis. Cette relecture est essentielle, je passe plus de temps à la relecture qu’a la première écriture. Le matin, j’écris deux heures à trois heures avant de déjeuner, puis une balade avec ma chienne pour m’oxygéner le cerveau. Je repends l’écriture en début d’après-midi pour une durée variable. Le week-end, détente avec mon épouse toujours en activité, pas d’écriture. Je ne me force jamais à écrire, si ça ne vient pas, je passe à autre chose. Un petit tour de moto, une visite, une lecture, enfin, je laisse pour la journée le roman derrière moi. J’ai la chance, pour le moment, de ne pas souffrir du syndrome de la feuille blanche. Vous me direz avec seulement deux romans à mon actif, ça serait malheureux. Assis devant l’ordinateur, mon imagination se met en route, et les phrases se bousculent sur l’écran, brutes, sans fioritures, rien ne doit arrêter ce moment de rédaction. La mise en forme, les fautes d’orthographe, les répétitions, les fautes de syntaxe, les phrases pauvres attendront, les corrections n’interviendront qu’à la relecture, rien ne doit entraver mon imagination. Je me nourris, pour écrire mes romans, de mes lectures, d’une conversation, des informations et de la vie autour de moi. Des idées me viennent, quelques fois, avant de m’endormir le soir, mais sans carnet pour les noter, je me réveille le matin, dépité de les avoir oubliées. Mon plus grand plaisir, c’est de m’entendre m’écrier, après avoir relu et corrigé mon chapitre : c’est trop bien, impossible que ce soit moi qui aie écrit ça, c’est magnifique. D’autre fois, je me flagelle, c’est lourd, indigeste et bancal, t’es nul, mais je ne renonce jamais. L’écriture m’apporte ce bonheur simple et sans contraintes, une liberté de créer moi qui me croyait sans talent, même petit.

Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?

Je viens de publier le tome 2 «La Quête royale» qui sera suivi d’un dernier opus «Le lys étincelant» qui sortira l’année prochaine pour conclure la trilogie (70 pages sont écrites à l’heure actuelle). Dans mes cartons traînent depuis vingt ans cent pages d’un roman d’Héroic-fantasy «La Geste du Griffon». Le début de l’ouvrage a été étudié au lycée français de Moscou, il y a de nombreuses années de ça. J’ai toute l’histoire en tête, reste à le coucher sur le papier, une saga d’environ 4 à 5 tomes. 

Thierry Puentes, auteur de J’écris, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.