Entretien avec Sylvie Guellé – La Ligne d’horizon – Xuân Lan, 1950
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Au moment de la parution du livre, je n’étais pas en France, mais l’émotion était là. Le travail d’écriture en amont, celui, fastidieux, de la recherche d’un éditeur puis tous les échanges par mail avec les différents interlocuteurs de la maison d’édition, que je remercie au passage pour leur extrême réactivité et pour leur patience, ont été à la fois excitants et stressants, car j’ai eu peur de ne pas faire les bons choix…
C’est donc à mon retour, un mois après sa parution et avec un pincement au cœur que j’ai découvert le livre.
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
J’ai reçu de nombreux commentaires de mes premiers lecteurs et ils ont tous été globalement positifs. Ce qui est principalement ressorti est l’émotion suscitée par le parcours difficile et douloureux de la protagoniste. Sa traversée d’une période historique dont on ne parle généralement pas beaucoup, celle de la période coloniale en Indochine, a intéressé tout particulièrement ceux qui en avaient peu connaissance ou qui n’avaient pas imaginé le vécu des gens côté indochinois. D’autres m’ont dit avoir revécu, comme en écho, le récit de leur propre histoire familiale.
Certains m’ont parlé de la fluidité de l’écriture qui a facilité la lecture du roman.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
Le travail d’écriture est long et j’aborde pour la première fois le monde de l’édition. Tout s’est passé rapidement à partir de la signature du contrat et c’était un peu vertigineux car, sans expérience, on ne sait pas trop dans quoi on se lance. Je pense qu’il y a quelques questions que je n’ai pas osé poser, ce que je n’hésiterai pas à faire si j’ai la possibilité de publier un deuxième roman.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
La question des origines se pose de manière très sensible en France avec les revendications identitaires nombreuses des personnes issues de ce qu’on appelle la diversité. La communauté asiatique est en général assez discrète à ce sujet, bien que beaucoup moins avec les nouvelles générations, mais l’histoire de Xuân Lan est tout aussi douloureuse et complexe que toutes les histoires de colonisation, d’exil, d’intégration forcée, réussie ou pas et ce récit peut toucher tous ceux dont l’histoire familiale est imprégnée des mêmes problématiques. J’ai, par exemple, reçu les témoignages de personnes dont les parents ont fui l’Espagne franquiste ou quitté l’Algérie, d’autres qui ne parviennent pas à trouver leur place entre le pays des origines et celui d’accueil. Une autre personne m’a dit qu’elle n’avait jamais vraiment pensé à la vie que les gens qui viennent d’ailleurs laissent derrière eux.
Le fait que l’histoire de Xuân Lan se situe dans la première partie du XXe siècle permet, peut-être, de mettre plus facilement en miroir les histoires de migrations actuelles.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
En ce qui concerne ce texte, j’ai eu deux déclencheurs, un de nature très personnelle et l’autre grâce aux propos d’un ami sur l’écriture quand je pensais ne pas pouvoir développer suffisamment le propos pour en faire un livre.
J’ai écrit le premier jet de ce livre rapidement. Le finaliser a, par contre, était assez long. Je ne pense pas avoir de méthode spécifique, les idées me viennent souvent la nuit et je les note, mais la plupart du temps, la relecture des dernières pages écrites déclenchent l’écriture des suivantes. Je visualise les personnages et les lieux comme dans un film.
Je relis des passages à haute voix pour moi-même mais surtout aux amis complaisants dont les remarques sont précieuses.
J’ai d’abord écrit ce texte à la première personne et j’ai fini par le réécrire à la troisième, ce qui m’a paru plus approprié. Un ressenti arbitraire.
J’ai fait des recherches pour les références historiques.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
J’ai commencé l’écriture d’un nouveau livre dont l’histoire se déroule en grande partie dans le Chocò en Colombie.
Sylvie Guellé, auteure de La Ligne d’horizon – Xuân Lan, 1950, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.