Entretien avec Stéphane Audeval – Le destin de Julie
Quel a été votre sentiment quand votre livre est paru ?
Voir son premier roman publié engendre un sentiment de satisfaction très vite doublé de la conscience que le plus dur reste à faire : trouver un public de lecteurs. Pour cela, il faut aller à sa rencontre, débattre, discuter avec lui. Cela veut dire organiser des séances de dédicaces dans les librairies, médiathèques, salons. C’est très gourmand en temps, mais c’est passionnant !
Quels ont été les retours des premiers lecteurs ? Que vous ont-ils dit sur votre livre ?
Le livre est bien accueilli. Les libraires pensent qu’il est dense et que certains thèmes abordés tels que le racisme, le dysfonctionnement de la Justice et de notre société ou encore l’égoïsme, sont profonds et qu’ils éveillent des réflexions. Les lecteurs pensent que les personnages sont attachants et que l’humour et la poésie permettent de dépasser la gravité du sujet. Ça n’est pas un roman à l’eau de rose, mais un roman qui ouvre des perspectives de vie depuis le quotidien vécu par un groupe d’avocats en proie à des règles de procédure parfois injustes, jusqu’à l’ensemble des citoyens victimes de l’indigence d’idées des partis politiques, de l’inadéquation actuelle des règles de la démocratie représentative, de l’aveuglement et la surdité des élites politiques de notre pays.
Que retenez-vous de cette expérience d’édition par rapport à votre travail d’écriture ? En avez-vous tiré des enseignements ?
L’édition est l’aboutissement du travail d’écriture mené, en solitaire, pendant plusieurs mois enfermé dans un bureau. C’est aussi le début de la vie du livre appelé à circuler, à être partagé, discuté, commenté. Mettre le mot fin au bas d’un manuscrit n’est jamais que le début d’une autre histoire.
Quelle est l’originalité de votre livre selon vous ? A-t-elle été perçue par vos premiers lecteurs ?
Mon livre colle à l’actualité de notre société et des crises qu’elle traverse depuis des années. Il suffit de se rappeler des gilets jaunes, des banlieues, de la réforme des retraites, de la montée des violences etc. Il montre aussi l’impuissance des systèmes économique et politique actuels à résoudre ces difficultés. Ce n’est pas en entassant des lois qu’on trouvera des solutions. Ce n’est pas davantage en attendant tout de l’État que l’on vivra mieux. Ce n’est pas un livre militant ou celui d’une sorte de gourou, mais celui d’un citoyen qui en a marre de voir que la société tourne en rond sur elle-même et que les forces centripètes qu’elle émet éjectent des tas de citoyens qui ne demandent, pourtant, qu’à vivre en harmonie avec les autres.
Comment s’est passé votre travail d’écriture ? Avez-vous une méthode pour écrire ? Des rituels ou des astuces ?
Je suis poète. Je rédige des poèmes que je publie dans des revues. D’où la place de la poésie dans le roman. Je n’ai pas prémédité mon passage au roman. Cela s’est fait tout seul. Un soir, alors que je me souvenais d’un jeune dealer que j’avais défendu en commission d’office trente ans auparavant, j’ai pris mon stylo et écrit « Maître Rousseau, on demande Maître Rousseau en correctionnelle… ». C’était le début de l’aventure pour Damien, Ludivine, Hubert, Julie, pour tant d’autres encore de la Lorraine à la Bretagne en passant par Paris et le pays tout entier et… pour moi aussi ! Ma méthode pour écrire : trouver une bulle de calme, le reste vient sans trop de difficulté… Mes rituels : un stylo à plume, un cahier à spirale, des dictionnaires et seulement après l’ordinateur.
Envisagez-vous d’écrire un autre livre ? Si oui, sur quoi avez-vous envie d’écrire pour ce prochain livre ?
La poésie, la littérature sont faites pour constater, dénoncer, décrire la société. On trouve dans Balzac des descriptions précises et savoureuses sur les gens de justice ; dans Zola une peinture très réaliste de la vie dans les mines etc. La littérature peut aussi proposer et donner du rêve. Oui, dénoncer et donner du rêve avec la seule aide de mon stylo, cela me convient assez bien…
Stéphane Audeval, auteur de Le destin de Julie, disponible sur le site des Éditions Maïa. Cliquez ici pour le découvrir.